La fièvre des fêtes de fin d’année bat son plein. Comme d’habitude, à l’approche de la fête de Noël, c’est le moment favorable à la vente des jouets de tout genre.
Etalages toujours garnis, clients encore rares, vendeuses attristées, c’est le constat fait au niveau de plusieurs stands de vente d’articles de fête ou jouets sur les grandes artères de la ville de Cotonou.
Il était 14 h ce mardi 19 décembre à Cotonou. Dame Célestine Azandji, vendeuse de jouets au marché Dantokpa, la quarantaine, la main droite au menton et tête baissée, égrène son chapelet. Quel Saint n’a-t-elle pas invoqué, quel ange ou quel archange n’a-t-elle pas invoqué, et pourtant, elle n’avait pas encore vendu le moindre jouet depuis 9 h qu’elle a mis pied au marché. Elle se résout à la prière, espérant que les clients finiront par lui rendre visite dans les trois ou quatre jours avant la Noël. Par le passé, confiait-elle, elle vendait plus de 200 000 F Cfa de jouets avant cette heure, et a donc du mal à comprendre ce qu’il lui arrive. Depuis plus de quinze ans qu’elle mène cette activité, elle n’a jamais connu cette situation, se désole-t-elle. La mévente ! Elle se lamente et se demande comment payer les jeunes dames qui l’aident à vendre et qu’elle a recrutées pour la circonstance. Sa voisine qui nous lorgnait pendant que Célestine Azandji se confiait à nous, n’a pas daigné se prêter à nos questions. Elle était furieuse et a éconduit tout simplement notre équipe de reportage.
La tristesse et le désespoir se lisaient dans les yeux des vendeuses de jouets en boutique tandis que celles ambulantes sont en peine sous le coup de la fatigue. Elles aussi, malgré leurs multiples va-et-vient, ont toujours leurs stocks de jouets presque intacts sur leurs têtes et dans leurs mains.
Comme ces vendeuses attristées par la mévente, d’autres femmes dans les marchés de Cotonou n’arrivent pas à s’expliquer le phénomène. L’année 2017 ne va pas laisser de très bons souvenirs.
La disponibilité des jouets ne pose aucun problème. Toutes les artères de la ville Cotonou sont jonchées de jouets de tout genre comme par le passé. De l’Etoile-Rouge au marché Dantokpa en passant par le carrefour Saint Michel, église Notre-Dame, Gbégamey, carrefour Sacré-Cœur et à Akpakpa, des étalages sont achalandés de jouets.
Choix des jouets
Pour les quelques clients qui se pointent, le choix de jouet n’est pas toujours chose aisée. Au marché de Gbégamey, Justine Akoua Agboton affirme que ce ne sont pas les jouets qui manquent. « Comme chaque année, il y a toutes les variétés de jouets qui ne sont pas chers. Pour les jouets que nous vendions à 50 000 F Cfa par exemple, nous les vendons aujourd’hui à 45 000, voire 43 000 F Cfa. Mais il n’y a pas d’affluence », explique Justine Akoua Agboton. Tout comme elle, Ratifatou Manzourou dit ne rien comprendre de ce qui se passe dans le pays. Pour elle, en deux semaines de vente, tout son stock serait déjà parti et elle l’aurait renouvelé par la suite. Cette fois-ci, « Rien ne bouge », dit-elle. L’esplanade du stade Mathieu Kérékou est également submergée de stands où sont exposés des jouets, des vélos et tous autres articles pouvant servir de cadeaux aux enfants. Des parents d’enfants y font des tours sans acheter grand-chose, se plaignent les vendeurs. « Certains pour nous consoler, nous promettent de revenir et on ne les revoit plus », confie Judith Assogba, vendeuse d’arbre de Noël.
Raisons diverses
C’est une tradition d’offrir à l’occasion de la fête de Noël des cadeaux aux enfants, même si quelques jours après, ces jouets se retrouvent sur les tas d’ordures ou deviennent encombrants dans les maisons. Ils constituent un moment de joie et de bonheur tant pour celui qui les offre que pour les enfants qui les reçoivent.
Aminou Zélah, vendeuse de tissus, s’étonne que les vendeuses de jouets se plaignent. Pour elle, au regard de la conjoncture économique, cela ne devrait guère étonner « Comment les gens peuvent-ils offrir de cadeaux à leurs enfants ? », ajoute-t-elle.
Firmine Bossikpon, du marché Saint Michel, pense qu’il y a beaucoup trop de vendeurs et de vendeuses de jouets à l’approche des fêtes. Alors que Ratifatou Manzourou, héritière d’un fonds de commerce de vente de jouets depuis bientôt vingt ans au quartier Vèdoko relativise ce constat triste et estime que la situation de la mévente s’est dégradée à cause de la situation générale non seulement au Bénin mais aussi dans la sous-région.
Les difficultés financières de certains foyers depuis près d’un an, l’augmentation des prix des produits de première nécessité, la multiplication des vendeurs opportunistes, le déguerpissement des bonnes dames avec comme corollaire les dettes contractées au niveau des structures de microcrédits, expliquent, entre autres, la mévente qui s’observe.
Nadia Dofonou souligne que les articles qui ne seront pas vendus après les fêtes, seront soigneusement rangés dans leurs emballages pour être déposés au magasin, quitte à être ressortis pendant la fête de Noël prochaine.