Le vote de la loi portant création de la Police républicaine serait fait de choix douteux. Le mardi 26 décembre dernier, le député Valentin Djènontin a fait des observations préoccupantes.
Le Parlement a décidé d’instituer la Police républicaine le mardi dernier. Une séance plénière a été consacrée à ce vœu cher au président Talon. Selon le député Valentin Djènontin, alors que les lois qui instituent cette nouvelle corporation n’ont été votées que ce mardi, certaines de leurs dispositions avaient déjà connu un début d’exécution. Le député de l’opposition a souligné que le 21 décembre 2017, le Parlement en complicité avec le gouvernement a voté «un budget illégal qui a consacré le détournement de plusieurs milliards au profit du ministère de l’Intérieur». Et de s’expliquer : « (…) alors qu’à ce jour (mardi dernier, Ndlr), la Police républicaine n’existe pas dans aucun texte législatif de la République du Bénin et que nulle part dans le décret portant Attribution, organisation et fonctionnement du ministère de l’Intérieur, la Police républicaine n’existe, il a été inscrit dans le projet de budget exercice 2018 dudit ministère, des crédits pour cette institution inexistante à ce jour en lieu et place de la Police et de la Gendarmerie dont l’existence juridique à ce jour est encore de mise». Cette observation montre qu’il existe une réelle complicité entre le Parlement et le gouvernement. Certains élus ont vendu leur liberté pour soutenir un projet très critiquable. Lé député Djènontin a d’ailleurs pu souligner que la loi des finances 2018 qui comporte assez d’incongruités, pourrait être jugée anticonstitutionnelle par la Cour constitutionnelle. Il a également noté une incohérence liée à l’appel à candidature lancé en novembre 2017 pour le Certificat de perfectionnement inter forces (Cpif). A l’entendre, ledit appel a exclu les gendarmes or il s’agit d’un test interne auquel prenaient part les gendarmes et les autres militaires des forces armées. Valentin Djènontin déplorera «une violation claire du droit des gendarmes».
Une réforme rejetée par les policiers…
Dans la même déclaration faite un peu avant le vote des nouvelles lois, le député Djènontin a partagé avec ses collègues les appréhensions de certains gendarmes et policiers. Selon lui, la réforme engagée devrait contraindre des forces de sécurité à «un choix obligé». «Nous sommes ici en présence d’une réforme que ne partagent ni les policiers ni les gendarmes et qu’on veut imposer coûte que coûte pour quel impact, quelle valeur ajoutée? Est-ce qu’on ne gagnerait pas à écouter les acteurs tous grades confondus et les deux syndicats de la police?», s’est-il interrogé. Les questionnements du député semblent légitimes puisqu’aucune réforme ne peut prospérer si elle n’a l’adhésion de ceux pour qui elle est conçue. Les incohérences relevées inquiètent et pourraient bien être les sources de la fragilisation de la réforme conduite au pas de charge.
Mike MAHOUNA