Gouvernement et partenaires sociaux se sont donné rendez-vous ce matin à l’Infosec de Cotonou, pour échanger sur les différentes revendications objet du mouvement de grève illimité déclenché depuis quelques jours par les syndicats, et qui paralyse ou ralentit les activités dans nombre de secteurs de la vie socioéconomique du pays. Cette ultime rencontre qui intervient après celle avortée avec le chef de l’Etat, et surtout quelques heures après l’appel du Clergé pour un dialogue « vrai et sincère », est porteuse d’espoir pour une décrispation de la tension sociale. Du moins, si chacune des parties fait preuve de bonne foi et d’esprit d’ouverture. Mais, si nous allons assister une fois de plus à un simulacre de dialogue et à des promesses qui ne seront jamais tenues, on serait encore loin du compte. Il faut un langage de vérité et des concessions de part et d’autre pour aller de l’avant. La cristallisation des positions serait préjudiciable au pays.
En insistant sur la portion de phrase : « dialogue vrai et sincère conformément à la parole donnée », le vœu du Clergé catholique en particulier et des Béninois en général, est de voir se tenir des assises empreintes de franchise et non de ruse. Que l’intérêt général soit au-dessus des suspicions, des préjugés, pour que le Bénin sorte gagnant de la rencontre de ce jour. Ils sont nombreux les fils et filles de ce pays à espérer voir les tribunaux rouvrir leurs portes, les enfants reprendre le chemin de l’école, les patients se faire soigner par des agents de santé qui ont la tête à la tâche, ou les services publics de façon générale retrouver leur rythme de fonctionnement ordinaire. Le consensus est le prix à payer pour en arriver à cette stabilité. Il ne s’agira pas d’empiéter sur les prérogatives de tel ou tel autre, mais, comme l’ont martelé les évêques du Bénin, de « renouer avec le dialogue pour une mise en œuvre concertée des réformes nécessaires au développement de notre commune patrie ».
D’ailleurs, aucune des parties ne tire avantage de ce bras de fer qui n’a que trop duré. La grève est devenue une arme redoutable qui dessert l’intérêt général et qui plombe les politiques de développement. C’est une évidence. Vivement que les échanges soient fructueux pour un dégel de la fronde sociale. Mais à l’avenir, gouvernement et partenaires sociaux devraient éviter que la situation sociale atteigne ce stade de pourrissement avant d’engager un dialogue franc.
30-01-2018, Arnaud DOUMANHOUN