Initiée par le Chef de l’Etat en vue du dégel de la tension sociale qui s’est emparée du pays au lendemain du vote de la loi retirant le droit de grève à certaines corporations, la rencontre entre le président Patrice Talon et les syndicats s’est déroulée dans une ambiance courtoise, caractérisée par la fermeté et la détermination.
Soucieux par du bien-être de ses concitoyens, le président Patrice Talon n’a pas hésité à appeler les responsables syndicaux à la table de négociations. Tout en invitant les syndicalistes à échanger en toute courtoisie et sans état d’âme, le président de la République a précisé qu’il ne s’agit pas de nouvelles négociations. Après donc le point par le ministre d’Etat, chargé du Plan et du développement, Abdoulaye Bio Tchané, le chef de l’Etat a indiqué que chaque acteur, dans le jeu démocratique, devrait connaître son rôle et celui des autres, puisque la Constitution et les lois définissent le cadre d’exercice des prérogatives de chacun.
Rencontre de vérité, cette séance à laquelle ont également pris part le président du Conseil économique et social et le président du Conseil national de dialogue social a permis aux deux parties de s’entendre sur l’essentiel.
Sur la question des rémunérations, le président de la République a martelé que contrairement aux rumeurs, aucun ministre ne gagne 16 millions par mois. «Au contraire, on a rationalisé les rémunérations», a-t-il expliqué. Avant, a-t-il précisé, les gens gagnaient un salaire apparemment faible mais assorti de plein de primes et/ou de bons d’essence. In fine, le salaire pouvait se chiffrer en plusieurs millions. Or, a-t-il souligné, nous avons supprimé les bons d’essence, y compris pour les ministres, les collaborateurs à la présidence. «Mieux, les efforts sont faits pour réduire le train de vie de l’Etat depuis deux ans», a-t-il fait observer. Il s’est ensuite livré à une véritable pédagogie sur la nécessaire répartition équitable des ressources au profit des plus nombreux, qui contribuent pourtant aussi à la richesse nationale. Pour convaincre de la nécessité de ne pas prendre des décisions sur la base du populisme et en période où la sérénité n’est pas de mise, Bio Tchané a confirmé les propos du chef de l’Etat en révélant que le gouvernement supporte actuellement 104 de milliards FCfa d’engagement pour des décisions antérieures à son avènement, prises en situation d’absence de sérénité. «Nous ne voulons pas prendre des actes pour créer des dettes pour le futur», a-t-il martelé. Pour étayer ses propos, il a demandé aux syndicalistes si l’Etat prenait des engagements aujourd’hui pour payer des dizaines de milliards dans le cadre des statuts particuliers des enseignants du primaire et du secondaire, est-ce qu’il pourra-t-il recruter les 7000 nouveaux agents pour le secteur en 2018 ?
Quid du capitaine Trèkpo et Métongnon ?
Sur la question des libertés individuelles et collectives agitée par les syndicalistes avec comme illustration, la sanction du capitaine Trékpo et les poursuites contre Mètongnon, le président Patrice Talon a démontré que l’administration joue sa partition sur la base des textes et que la justice fait son travail. Ce que les syndicalistes ont compris. Quoi que certains d’entre eux pensent que la procédure de la sanction a été biaisée, ils ont tout de même plaidé pour que la radiation ne soit pas maintenue. D’autres points non moins importants ont été également abordés au cours de cette rencontre, notamment la question de la mise en œuvre des réformes. A ce propos, Talon a rassuré ses interlocuteurs en disant qu’il y a des réformes pour lesquelles il n’est pas forcément indiqué d’impliquer les partenaires sociaux.
«Les réformes engagées le sont pour le bien des populations en général et des plus vulnérables en particulier», a-t-il notifié. Après avoir démontré la pertinence de la réforme du droit de grève, il a invité les syndicalistes à considérer que ce motif de leur grève ayant disparu, la grève est devenue sans objet et donc ils doivent reprendre le travail.
Odi I. Aïtchédji