Le président de l’Assemblée nationale, Me Adrien Houngbédji, a procédé le vendredi 16 février 2018 à Azalaï Hôtel de la Plage à Cotonou à la clôture du séminaire parlementaire organisé par l’institution avec le concours du Programme des Nations Unies pour le développement (Pnud) et la Fondation Hanns Seidel Stiftung sur la proposition de loi portant charte des partis politiques au Bénin. Dans son discours, le président Adrien Houngbédji, tout en remerciant les différents participants, a laissé entendre qu’il a tiré 3 enseignements de l’initiative. « …Ce séminaire nous a permis de tirer des enseignements et d’aboutir à des consensus qui auraient manqué aux délibérations dans les quatre murs de l’hémicycle. Le premier enseignement qui me vient à l’esprit est que cette rencontre a permis de faire un bilan critique du chemin parcouru dans l’expérimentation de la charte des partis politiques après la conférence des forces vives de la Nation, il y a vingt-huit ans. Le deuxième enseignement est que nous nous sommes enrichis des expériences d’autres pays qui forcent l’admiration. Cela nous permettra de mettre en œuvre des stratégies plus adéquates pour atteindre les objectifs assignés. Le troisième enseignement, enfin, concerne la diversité et la qualité des conclusions de vos travaux. Vous avez, en effet, recommandé une feuille de route qui tienne compte des contraintes de délai relatif aux prochaines échéances… », a déclaré Me Adrien Houngbédji. Il n’a pas manqué de rassurer les participants de la prise en compte de toutes les observations qu’ils ont faites au cours des travaux. « …Je me réjouis donc très sincèrement des résultats obtenus. C’est pourquoi, je voudrais, au nom de l’Assemblée Nationale, prendre l’engagement de faire en sorte que les recommandations issues du présent séminaire soient largement prises en compte par la commission en charge des lois… », a-t-il ajouté. A la fin du séminaire, plusieurs personnalités politiques et de la société civile ont livré leurs impressions.
Impressions de quelques participants au séminaire parlementaire sur la réforme du système partisan
Député Gérard Gbénonchi
« …Quand on aura fini d’adopter cette charte, je pense qu’on aura plus de visibilité sur la scène politique. Pour avoir participé à ce séminaire, je peux dire que l’unanimité se fait autour de la nécessité d’aller à cette réforme. Il est vrai qu’il y a quelques réticences, mais vous savez que la nature humaine a horreur du changement. Cependant, lorsqu’on veut construire une Nation, c’est à partir des réformes. Chaque fois, vous puisez dans le parcours que vous avez déjà fait, vous évaluez les forces et faiblesses de l’existant pour proposer quelque chose susceptible d’améliorer votre vie et votre futur… »
Léontine Idohou, Présidente du Rifonga-Bénin
« …Nous sommes ici pour travailler sur la proposition de loi portant charte des partis politiques. Par rapport à cette proposition de loi, il y a des conditionnalités pour la création des partis politiques et leur survie. Cela veut dire que n’importe qui ne peut plus se lever pour créer un parti politique. Il faudra désormais tenir compte du nombre de membres fondateurs et tenir compte également du financement. Après les débats, nous nous sommes dit qu’on ne limitera pas le nombre des partis politiques, mais les conditions de création feront que certains partis politiques qui ne sont pas représentatifs dans tous les départements vont disparaître. Il y a également le financement public des partis politiques. Nous avons aussi travaillé sur les sanctions éventuelles à l’encontre de ceux qui ne vont pas se mettre en règle vis-à-vis de la nouvelle charte des partis politiques qui sera adoptée par les députés… »
Martin Assogba, Président de l’Ong-Alcrer
« …Je peux vous dire que nous avons eu deux journées fructueuses de débat, vu la qualité de tous les participants. Beaucoup l’ont dit, c’est comme si nous avons fait une mini-conférence nationale. Tous les points de vue ont été pris en compte et chacun a pu parler sur comment nous allons réorganiser les partis politiques dans notre pays pour qu’ils soient des partis véritablement d’envergure nationale. Je félicite le Parlement qui a pris cette brillante initiative à travers son président. Nous sommes venus apprendre, et nous sommes prêts à les aider à vulgariser la loi qui sera votée pour que chacun s’y retrouve… »
Léon Bio Bigou, Professeur d’université
« …Je pense que c’est une très bonne initiative parce que ces genres d’échanges sont rares. Nous avons eu des politiques, les membres de la société civile et les personnes morales. Je voudrais saluer cette initiative du président de l’Assemblée nationale et des députés qui a permis aux uns et aux autres de se prononcer sur cette proposition de loi portant charte des partis politiques en République du Bénin. Ce qui se passe au Bénin ne lui ressemble pas. Il reste maintenant de voir comment intégrer l’ensemble des idées pour dégager un texte de loi véritablement abordable… »
Gustave Assah, Coordonnateur de Social Watch Bénin
« …Il faut dire que cet atelier a été organisé de manière essentielle avec la partition que l’Assemblée nationale a voulu faire jouer à tout le monde. Par exemple, ce qui nous a impressionnés, c’est la méthodologie de participation avec une ambiance de convivialité entre les députés, les représentants des partis politiques représentés ou non à l’Assemblée nationale. Ensuite, c’est la façon dont l’atelier s’est déroulé, où nous avons fait l’exercice des différents titres contenus dans la loi pour voir les articles à modifier ou à supprimer. Les deux ou trois idées fortes qui ont permis aux uns et autres aux de savoir que nous ne sommes pas dans un marché de dupe sont qu’avec un esprit ouvert, les députés ont reçu des contributions assez nourries… »
Théophile Yarou, représentant des FCBE
« …L’initiative est à saluer. C’est une bonne chose que les députés décident de consulter l’ensemble des acteurs politiques et la société civile sur une proposition de loi qui engage la vie politique et même économique de notre pays. J’encourage d’ailleurs les députés à toujours aller dans ce sens-là. Quant au fond, je constate que les débats se sont déroulés dans une bonne ambiance, mais on sent des appréhensions et des inquiétudes qui ont été exprimées par les uns et les autres sur la prise en compte des observations et amendements (…) Il faut vraiment être prudent. Les propositions que nous avons faites vont dans le sens de la sauvegarde des libertés d’association. Nous espérons que ces propositions seront prises en compte… »
Propos recueillis par Karim Oscar ANONRIN
19-02-2018, Karim O. ANONRIN