La Coalition pour la démocratie et la réconciliation nationale (CODER) préconise pour la réconciliation nationale au Burkina Faso une justice transitionnelle en lieu et place de la justice classique. C’est en partie ce qui ressort de son mémorandum sur la réconciliation. La présentation du document a eu lieu ce samedi 03 mars 2018 au siège du CDP.
La justice classique peut retarder la réconciliation nationale de 5000 ans, foi de Dr Ablassé OUEDRAOGO, membre de la CODER. En lieu et place, Ablasse et ses camarades préconisent une justice transitionnelle. Une justice où les victimes, les bourreaux, bref le peuple burkinabè va se parler et se pardonner. L’annonce a été faite ce samedi au siège du CDP à Ouagadougou au cours d’une présentation du mémorandum de la CODER sur la réconciliation nationale. A en croire maitre Gilbert Noel OUEDRAOGO, la justice classique est faite pour les conflits individuels. Mais pour ce qui est d’un conflit collectif, il faut la justice transitionnelle. Il en veut pour preuve le Rwanda. « Ce pays après le génocide a utilisé ce genre de justice pour solder son passé. » relate-t-il.
La CODER n’est pas contre la justice mais estime qu’elle ne résout pas les conflits collectifs
D’aucuns affirment que la CODER ne voudrait pas de justice, ni de vérité. Le président de l’ADF\RDA répond :« Nous voulons qu’il y ait justice. Nous voulons qu’il y ait vérité d’abord avant la justice elle-même. Mais, vous pouvez gagner votre procès sans savoir ce qui s’est passé. Lorsqu’on va à un procès, les gens ne sont pas obligés de parler ». Il en veut pour preuve le procès de Hissène Habre. Pour arriver à la réconciliation, la CODER suggère un forum national sur la question. Ce forum en question, explique Ablassé OUEDRAOGO, pourrait définir les bases inclusives des assises nationales. Il s’inscrit dans une logique de privilégier le débat national inclusif, sérieux, franc et sincère mais fraternel et convivial. Outre cet aspect du document, il contient cinq autres parties.
Il s’agit d’abord u contexte et de la justification. Ensuite la CODER note une analyse de la crise au Burkina Faso. Pour elle, la crise qui secoue le pays ne se limite pas à des antagonismes mais va au-delà et touche la société au plus profond d’elle-même. Ensuite il y a la problématique de la réconciliation au Burkina Faso. La CODER analyse que le besoin de réconcilier réellement et profondément la nation burkinabè a été manifesté depuis les premières républiques. Ils notent aussi les approches de réconciliations. Elles vont s’appuyer sur les traditions et croyances. Enfin, trouver la justice pour une réconciliation.
Amadou Traore, nouveau président de la CODER
Avant la présentation du contenu du mémorandum, La Coalition pour la démocratie et la réconciliation nationale (CODER) s’est choisie un nouveau président. Il s’agit d’Amadou Traore, président du parti les Républicains. Il succède ainsi à Amadou Dabo de l’UNDD. Déjà, il sonne la mobilisation : « Nous lançons un appel à tous les Burkinabè à l’intérieur et à l’extérieur du pays, aux responsables politiques, aux leaders d’opinion afin que tous se mobilisent pour la tenue d’un véritable dialogue national en vue de réussir la réconciliation nationale entre les filles et les fils du Burkina Faso, et pour construire notre pays. »
Dimitri OUEDRAOGO
Lefaso.net