’ancien président de la République, Yayi Boni, entretient un silence austère dans l’affaire Ebomaf. Et pourtant, son nom a été cité à tort ou à raison dans cette nébuleuse qui défraie la chronique depuis plusieurs semaines déjà.
Un autre scandale qui occupera la presse les prochains jours est le dossier Ebomaf-Lionel Zinsou. C’est d’abord le député Rachidi Gbadamassi qui a étalé sur la place publique un prêt de 15 milliards de francs Cfa contracté par le premier ministre d’alors, Lionel Zinsou au près du groupe Ebomaf et qui est resté impayé à ce jour. Ensuite, « La lettre du continent » a enfoncé le clou en faisant état d’une plainte en France, contre Lionel Zinsou. Selon cette publication, le candidat malheureux à la présidentielle de 2016, a pris en prêt, contre décharge, 15 milliards de francs Cfa dans la perspective du scrutin électoral. Mais contre toute attente, l’intéressé n’a pas daigné rembourser son dû. Ce qui a poussé le patron de Ebomaf à déposer une plainte à Cotonou. Le contenu, relayé par la presse locale, confirme le montant de 15 milliards et donne des détails sur les manœuvres pour avoir cette mirobolante somme, ainsi que sur les acteurs directs et indirects de ce coup. Mais aussi curieux que cela puisse paraître, depuis que le contenu de cette plainte a été éventré, contrairement à l’habitude de certains d’entre eux, les mis en cause n’ont pas daigné se prononcer pour réfuter ou non cette accusation.
Avec la fougue qu’on lui connaît, l’ancien président de la République Yayi Boni, aurait déjà envoyé ses chiens d’attaque laver son honneur dans cette affaire qui vient ajouter une nouvelle tâche noire sur sa gouvernance. Comme ce fut le cas lorsqu’il a été mis en cause dans le scandale Petrobras. Il s’était dépêché, à travers les journaux à sa solde, de clamer son «innocence». Alors, pourquoi depuis que l’affaire Ebomaf a éclaté, l’homme qui a des larmes faciles n’a pipé mot. Il est trop facile de faire semblant de s’apitoyer sur le sort du Bénin en pleine reconstruction après dix années de mal gouvernance. Ses explications sur cette affaire sont attendues. Il a l’obligation de dire à l’opinion ce qu’il en sait et quelle est sa partition. Son silence est la preuve de la mal gouvernance et la corruption qui ont caractérisé le régime de la Refondation. La question qu’on se pose est de savoir comment, pour une élection où les dépenses de campagne sont plafonnées à 2,5 milliards FCfa, ils sont allés chercher 15 milliards, indépendamment des sommes reçues chez d’autres sous forme de soutien.
Une image qui pousse à conclure que cette affaire œuvre la brèche à la question concernant les dépenses des campagnes électorales. Par ailleurs, tout porte à croire que s’ils avaient gagné, il n’y a nul doute que Zinsou n’aurait jamais payé de sa poche cet argent. Les acteurs auraient certainement fait des arrangements ou conclu des contrats pour permettre à leur créancier de récupérer son argent sur le dos du peuple béninois. Soit à travers des surfacturations de marchés, soit à travers des exonérations sur les marchés qu’il obtient au Bénin. Car, comment aurait-il pu demander à un président en exercice de lui rembourser cet argent ? Mieux, si Zinsou a effectivement vendu des actions et n’a pas remboursé, c’est bien la preuve qu’il ne pensait pas à rembourser personnellement cette grosse dette.
Yayi Boni démasqué
L’affaire Ebomaf a permis aux sceptiques de connaître le vrai visage de Yayi Boni en matière de gouvernance. Il faut avouer qu’elle a arriéré le pays à bien des égards.Elle révèle son côté hideux. Le mode opératoire qui a permis de convaincre le Burkinabè, suivant le contenu de sa plainte, renseigne bien que les acteurs ont joué d’influence par rapport à leurs positions d’à l’époque. Le plaignant est même précis quand il évoque les circonstances des remises des fortes sommes d’argent en cause.Ceux qui se présentaient comme des hommes vertueux ne peuvent pas nous faire ce gros bébé dans le dos. Dans cette affaire, il est clair qu’ils n’ont pas visé les intérêts du Bénin. Le silencede Yayiest de nature à confirmer les dénonciations du patron d’Ebomaf. Car, l’homme qui tient à son «honneur» au point de nous asséner, lors de son dernier Conseil des ministres, qu’il a servi le Bénin sans contrepartie pendant dix ans et qu’il n’avait plus que 11 millions de Fcfa dans son compte en quittant le pouvoir, ne peut rester insensible à ces dénonciations d’une gravité extrême pour l’image qu’il a voulu donner de lui-même. De toutes les façons, qui ne dit rien consent. Sinon, pour moins que ça, les mis en cause crient à l’acharnement. Ils auraient scandé partout que Patrice Talon leur veut du mal si c’était un dossier soulevé par le gouvernement.
O. I. A.