Alors même que le chef de l’Etat a montré urbi et orbi son aversion aux marches de soutien et au culte de la personnalité, des pratiques qui ont eu cours sous le régime défunt, il n’est plus un secret pour personne que ces pratiques ont repris de plus belle sous la Rupture/Nouveau départ. Il n’est plus rare de voir, ces derniers semaines, des marches de soutien ou de reconnaissance pour louanger Patrice Talon avec en toile de fond ses photos. Ce que d’aucuns assimilent au populisme et au culte de la personnalité. A l’occasion de sa visite effectuée en milieu de semaine écoulée en Italie, précisément au Vatican, le président béninois a été interrogé sur cette résurgence des marches politiques. Si Patrice Talon n’a pas esquivé la question, il faut tout de même reconnaître qu’il n’a pas convaincu. L’argument avancé par le président de la République ne saurait justifier ce laisser-aller. Est-ce parce que le projet de révision constitutionnelle dans laquelle on aurait introduit un article interdisant la chose n’a pas prospéré qu’on doit subitement admettre la déification ? A défaut d’un arrêté préfectoral, un simple communiqué de la présidence suffit pour discipliner la troupe si effectivement on n’aime pas être considéré comme ‘’ un dieu’’. L’admettre, c’est exposer, ni plus ni moins, à la face du monde la hantise de l’échec de la révision de la loi fondamentale. Patrice Talon veut montrer à l’opinion nationale et internationale qu’il avait vu juste. Mais loin s’en faut. A-t-on réellement besoin d’inscrire dans une Constitution que les marches de soutien sont interdites avant que les citoyens n’obtempèrent ?
Worou BORO