Délire, incohérence ou absence totale de logique, ce sont les qualificatifs qui collent bien au comportement de l’honorable Rachidi Gbadamassi. Ce jeune loup politique aux longues dents de la classe politique béninoise, veut par tous les moyens se frayer un chemin. Pour ça, rien n’est trop grand, ni trop osé : pour se faire voir dans le brouhaha des invectives politiques, cet homme n’hésite pas à haïr les mains qui l’ont nourri.
Coups tordus, croc-en-jambe, délation, fausses alliances… les mots manquent pour répertorier tous les mauvais coups et forfaits commis par le milieu politique béninois. Ils sont aujourd’hui avec Pierre et demain avec Jean, de qui ils gagnent la sympathie en dénigrant Pierre. Pour rester éternellement dans la mouvance et profiter des avantages du pouvoir, ils sont capables de toutes les indécences. Comme le dit si bien un adage de chez nous : ‘’Toute société civilisée a droit à son contingent d’escrocs, d’assassins, de policiers véreux, de femmes légères, de politiciens douteux et de redresseurs de tort.’’ Mais dans une proportion donnée tout de même. Il y a un quota normal, qui est largement dépassé dans notre pays.
L’honorable Rachidi Gbadamassi, en s’en prenant à Yayi Boni, comme il l’a fait, sur une station de radio de la place, s’est plutôt desservi, aux yeux de l’opinion publique qui retient encore de lui que s’il est présent aujourd’hui à l’hémicycle, c’est grâce à Boni Yayi pour ceux qui ne le savent pas. L’habitude étant une seconde nature, le comportement qu’adopte l’homme aujourd’hui vis-à-vis de Boni Yayi, son ancien maître, ne serait pas différent de celui qu’il adoptera face à Patrice Talon après son mandat. C’est sa stratégie propre à lui, qui consiste à renier son maître à la veille de sa mort. Mais comme pour reprendre Birago Diop, les morts ne sont pas morts, Boni Yayi n’est pas encore fini et il n’est pas mort politiquement non plus.
L’histoire de la trahison accomplie de Rachidi Gbadamassi, faut-il le rappeller, débute en 2006, avec l’Upr et le G13, il opte pour l’opposition au régime Boni Yayi. Issa Salifou son mentor politique du moment, pensait compter sur lui pour mener un vrai combat politique, mais il les abandonna très tôt pour retourner vers Boni Yayi et est devenu un faucon des Fcbe. Pendant tout le temps que Boni Yayi a passé au pouvoir, il l’a soutenu sans désemparer, en l’accompagnant sur de terrain et en le suivant dans tous les combats et moments difficiles.
C’est à cause du choix du candidat des Fcbe à la présidentielle de 2016 qu’il s’est désolidarisé de Boni Yayi en optant pour Sébastien Ajavon, au détriment de Lionel Zinsou. Mais il fut le premier à aller faire allégeance à Patrice Talon le jour où celui-ci a été élu. Les photos de ce ralliement ont circulé sur les réseaux sociaux dans le temps. On le voyait tout souriant au domicile du président Talon en pyjama, en compagnie de Charles Toko, l’actuel maire de Parakou. Il était encore le premier à s’en prendre violemment à Sébastien Ajavon. Ce petit récit montre un personnage instable dont se sont servi tous les présidents pour régler des comptes à des adversaires. De Kérékou à Talon en passant par Yayi, il est resté fidèle à son rôle, celui d’un instrument politique. Fidèle à son art, et au gré de ses manœuvres politiciennes, celui de troubler l’eau et de créer la confusion.
Va-t-il convaincre les Béninois surtout ses électeurs de Parakou sur le terrain des invectives politiciennes ? Peut-il se donner une nouvelle virginité politique en s’en prenant régulièrement à Boni Yayi ? En tout cas, la politique est bien la politique, mais la tradition du pays est également bien ancrée dans la mémoire collective qui sait montrer au menteur son mensonge ; au traite sa part de trahison accomplie. Et c’est bien le risque que court Rachidi Gbadamassi qui semble bien renier les valeurs ancestrales du pays.
Par Gilbert MAKOU