La Commission mise en place au Parlement pour étudier les demandes de levée d’immunité introduites par la justice ne comporte pas que des saints. Certains membres pourront bien être obligés dans les prochains mois à défendre leurs actes devant la même commission.
Les députés André Okounlola et Garba Yaya font partie des 10 membres de la Commission chargée d’examiner les demandes de levée d’immunité de certains parlementaires. Depuis quelques jours, ils écoutent les députés Valentin Djènontin et Idrissou Bako afin d’éclairer tout le Parlement sur l’obligation ou non d’autoriser la justice à les poursuivre. Ils jouent,pour ainsi dire, le rôle de juge même si leurs décisions seront a priori fortement politisées. Ils pourraient donc aider leurs collègues à se retrouver en prison. Mais en réalité, André Okounlola et Garba Yaya ont-ils réellement la légitimité de siéger dans une telle commission?L’éthique politique permet-elle à ces deux parlementaires de livrer leurs collègues à la justice? Beaucoup s’interrogent en tout cas sur leur présence dans la fameuse commission. Et pour cause. Le député André Okounlola ne doit pas avoir la conscience tranquille. Cité depuis plusieurs années dans une affaire de surfacturations, il n’a jamais pu laver son honneur. Depuis plusieurs années, on l’accuse en effet d’avoir surfacturé l’acquisition de machines agricoles dans le cadre du Programme de promotion de la mécanisation agricole (Ppma), une initiative qu’il a coordonnée sous le régime de Yayi Boni. On parle de plusieurs milliards de franc Cfa. Le député Janvier Yahouédéou avait longtemps dénoncé les présumées malversations. Seulement André Okounlola a toujours nié toute responsabilité dans cette affaire. « Je n’étais qu’un exécutant », a-t-il souvent répondu. Il n’a pas encore eu l’occasionde se défendre face à la justice. Garba Yaya, lui, est soupçonné d’être impliqué dans une affaire de soustraction frauduleuse de noms dans l’organisation du concours de recrutement au profit du ministère de l’Economie et des finances en 2012. A l’époque, il était le Directeur de recrutement des agents de l’Etat (Drae) et certaines organisations de la société civile avaient fortement critiqué les conditions d’organisation dudit concours. Ces deux députés ne se sont jamais sentis inquiétés. Ils bénéficiaient évidemment du soutien de l’ancien régime. Aujourd’hui, ils écoutent certains de leurs collègues en passe de perdre leur immunité parlementaire dans plusieurs dossiers. Ils sont un peu comme les bourreaux de leurs collègues. Cependant, des observateurs confient qu’ils pourraient enfin être rattrapés par leurs actes. La justice peut réclamer la levée de leur immunité. Enfin, si le régime de la Rupture qui veut se montrer intraitable dans la lutte contre la corruption trouve les poursuites judiciaires nécessaires.
Mike MAHOUNA