L’Assemblée nationale a adopté le nouveau Code pénal, mardi 5 juin, dix-sept ans après avoir reçu le texte. Certaines dispositions nouvelles font débat. C’est le cas de la pénalisation de la vente illicite de l’essence qui est un moyen de survie pour des milliers de familles.
L’une des dispositions qui suscite la controverse du nouveau Code pénal est la pénalisation du commerce de l’essence de contrebande. C’est l’article 929 du code qui consacre cette interdiction considérée comme “utopique” par de nombreux observateurs et acteurs de ce secteur d’activité illicite.
Bien que depuis les années 1980, des textes soient pris pour interdire ce commerce, et malgré la prise de nombreuses autres mesures répressives, cette activité qui alimente la plupart des Béninois en produits pétroliers n’a jamais cessé.
Henri Comlan Assogba, président de l’Association des importateurs, revendeurs et transporteurs de produits pétroliers du Bénin, conscient que l’activité ne saurait perdurer, souhaite une discussion entre le gouvernement et les acteurs qui pourrait aboutir à une sortie apaisée de cette activité. « Nous sommes conscient qu’il faut arrêter cette activité, mais il faut que le chef de l’État nous appelle et qu’on discute des modalités et des solutions ensemble », lance-t-il.
Le président des importateurs, revendeurs et transporteurs de “Kpayo” affirme que les acteurs sont dans la logique de la reconversion. Il plaide alors pour un dialogue qui mettra sur la table les enjeux de cette activité qui, selon lui, a besoin d’une réorganisation et non son interdiction par “la manière forte”. Il souhaite cependant qu’un moratoire leur soit accordé pour permettre la reconversion des acteurs, notamment des petits vendeurs. « Si on ne nous donne pas un délai, et que de manière brutale, on met les forces de l’ordre à nos trousses, il y aura des dégâts », avertit M. Assogba, prédisant un échec si le gouvernement s’y prend dans cette logique, tout comme tous les gouvernements qui l’ont précédé.
M. Assogba estime que la loi ne sera pas promulguée en l’état. Il affirme que mettre fin à cette activité n’est pas une mince affaire. « Je ne suis pas sûr que Patrice Talon soit à la tête de ce pays, et que tous les jours, il y ait mort d’homme du fait de la répression de la vente de l’essence de la contrebande », confie-t-il, précisant que les acteurs de la filière attendent de voir le comportement du président.
Le président de l’Association des importateurs, revendeurs et transporteurs de produits pétroliers du Bénin estime qu’on doit aussi les accompagner, notamment les revendeurs qui n’ont pas assez de moyens à investir dans d’autres activités. Pour M. Assogba, il faut octroyer des fonds de microfinance à ces derniers pour qu’ils puissent se reconvertir par exemple dans l’agriculture ou l’intermédiation de vente de produits alimentaires. Ainsi, progressivement les acteurs vont migrer vers d’autres secteurs d’activités.