Une mafia organisée autour de la vente des tombes. C’est une escroquerie pour le moins osée, quand la dernière demeure d’un défunt doit être un produit de corruption. A Abomey-Calavi, cette tradition du respect, voire du culte voué aux morts dans la société traditionnelle africaine, n’influence aucunement la morale de certains individus, qui saisissent l’occasion des funérailles pour s’en mettre plein les poches. A la comptabilité de l’hôtel de ville, le nombre de tombes vendues est largement en deçà de ce que pourrait générer l’occupation réelle du site. Le déficit frappe à l’œil, et le maire Georges Bada s’est référé à un cabinet d’audit pour mieux appréhender les fuites de cette catégorie de ressources. Justice sera donc rendue au mort.
En effet, l’achat d’une tombe coûte environ 120.000F contre une quittance délivrée par la mairie. Par quelle alchimie, les corps enterrés sont-ils plus nombreux que ceux déclarés ? Même des allées sont vendues pour faire la place aux morts. C’est tout simplement l’œuvre de la mafia qui a désormais à ses trousses un cabinet d’experts géomètres dans le cadre de l’audit en cours. Un tour sur le site du cimetière et le constat est patent. Pour le moment, les experts sont à pied d’œuvre. A l’occasion, il s’agira pour eux de répertorier le nombre réel de tombeaux et de dégager l’espace existant pour une gestion beaucoup plus rationnelle. Georges Bada vient ainsi de donner un coup de pied dans la fourmilière, et les sanctions pourraient être lourdes pour les auteurs de cette supercherie. En dépit de la sentence humaine qui découlerait du rapport des experts, la hantise du feu de l’au-delà est encore plus effrayante pour les fraudeurs.
20-06-2018, Arnaud DOUMANHOUN