La révision de la Constitution du 11 décembre 1990 est à nouveau au cœur de toutes les tractations. Après l’échec en 2017 du projet alors confié à l’ancien Garde des sceaux, Joseph Djogbénou, le Chef de l’Etat ramène à nouveau au cœur du débat politique son projet phare de réforme constitutionnelle. Cette fois-ci, il est porté par deux anciens présidents de l’Assemblée nationale Bruno Amoussou et Antoine Idji Kolawolé, et piloté par l’actuel président Adrien Houngbédji. Mais la manière dont le leader des Tchoco-tchoco conduit les négociations n’est pas du goût des députés de la minorité parlementaire. Du coup, les mêmes causes produisant les mêmes effets, il est à craindre que le projet de révision version 2018 connaisse le même sort que celui de 2017.
Peut-on dans le contexte actuel opérer une modification de la loi fondamentale sans en discuter les contours avec les deux anciens présidents de la République encore en vie ? C’est pourtant ce que tente de faire le président de l’Assemblée nationale Me Adrien Houngbédji. Mandaté par le Chef de l’Etat et certainement avec la caution de Bruno Amoussou et Idji Kolawolé, Me Adrien Houngbédji conduit les tractations pour obtenir le vote des députés de la minorité. L’option choisie est le vote secret avec pour objectif de briser la solidarité du groupe observée jusque-là dans le rang des députés antirévisionnistes. C’est dans ce cadre que Me Adrien Houngbédji reçoit dans son bureau et individuellement les députés de la minorité. Le procédé consiste à promettre à chacun d’eux monts et merveilles en échange de leur vote. A d’autres, l’annulation des poursuites judiciaires engagées à leur encontre. Et c’est justement cette manière de faire qui déplait aux députés de la minorité. Ils y voient une méthode pour les diviser. Ils ont alors demandé à Me Adrien Houngbédji de débattre directement du sujet avec les leaders de l’opposition notamment les anciens présidents Boni Yayi et Nicéphore Soglo. C’est alors que Me Adrien Houngbédji a décroché son téléphone pour joindre les deux anciens Chefs d’Etat. Mais cela a été un fiasco total.
Les anciens chefs d’Etat n’ont pas apprécié qu’on débatte avec eux d’un sujet aussi important au téléphone. Ils ont interprété cela comme un mépris, une insulte pour ce qu’ils ont été pour ce pays. Boni Yayi, c’est quand même dix ans de gestion du pouvoir d’Etat, et cinq ans pour Nicéphore Soglo. Cela mérite un minimum de considération.
Ce n’est pas que Boni Yayi et Nicéphore Soglo sont contre toute révision de la Constitution. Mais ils ne sont pas pour une révision en dehors du peuple souverain. Ils veulent que le débat se fasse lors d’un dialogue national afin qu’un consensus soit trouvé autour des articles qui nécessitent une modification. Vouloir cela ne peut justifier qu’ils soient perçus et traités comme des politiciens hostiles au développement de la cité. L’exclusion a été à la base de l’échec du projet en 2017. Le Chef de l’Etat et son Bmp devraient en tirer les conséquences et changer d’approche afin d’éviter au projet un deuxième revers qui serait catastrophique.
Worou BORO