La Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) vient de recruter 85 agents administratifs. Cependant, les délégués syndicaux et les délégués du personnel des comités de la Confédération générale du travail du Burkina (CGT-B) ont relevé un manque de transparence dans le processus de recrutement de ces nouveaux agents. Trois membres de la famille du Directeur des ressources humaines (DRH) figureraient parmi les admis. Ils exigent donc, de la direction générale, une enquête sur le processus de recrutement de ces agents et des sanctions contre les fautifs. Ils l’ont dit au cours d’une conférence de presse organisée le mercredi 4 juillet 2018, à Ouagadougou.
En rappel, du 22 au 26 janvier 2018, l’Agence nationale pour la promotion de l’emploi (ANPE) a été chargée de présélectionner, pour le compte de la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS), 850 candidats pour participer à un test de recrutement de 85 agents administratifs. Des chercheurs d’emploi y ont accouru pour déposer leurs dossiers. Selon les témoignages de Justin Kiénou, « il y a eu un attroupement spectaculaire à l’ANPE sise à Cissin, pour ce recrutement. Une foule impressionnante que la cour de l’agence ne pouvait pas contenir. Selon les estimations, il y avait au bas mot plus de 4 000 postulants ». Après l’administration des épreuves et la proclamation des résultats intervenue le 20 juin dernier, la Coordination des comités de la Confédération générale du travail du Burkina (CGT-B) de la CNSS a révélé des malversations.
« Lorsque les délégués syndicaux et les délégués du personnel des comités CGT-B ont analysé les résultats, nous nous sommes rendu compte que (…) le tiers des admis a un lien familial avec des agents de l’institution », a justifié le Secrétaire général adjoint (SGA). Pis, poursuit-t-il, « nous avons décelé un conflit d’intérêt manifeste : l’admission de l’épouse, de la nièce et du neveu du Directeur des ressources humaines [DRH] ».
Des situations qui n’ont pas laissé indifférents les délégués syndicaux et les délégués du personnel. Ils ont alors convié les hommes de média, ce mercredi 4 juillet 2018, pour dénoncer cette forfaiture et se démarquer de ce simulacre de recrutement, estimant qu’après l’insurrection d’octobre 2014 et la résistance au putsch de septembre 2015, les Burkinabè méritaient mieux que ce qui se passe actuellement.
« La Caisse nationale est une institution de la République. On ne doit pas y travailler de père en fils », a martelé M. Kiénou qui, du reste, invite le directeur général, Lassané Sawadogo, à diligenter une enquête sur le processus de recrutement de ces agents administratifs dont l’organisateur en chef est le DRH. De plus, à l’unanimité, ils ont souhaité que les fautifs soient sanctionnés « à la hauteur de leur forfait ».
Le Secrétaire général (SG) des délégués syndicaux et des délégués du personnel, pour sa part, rappelle les recommandations émises par la coordination des comités CGT-B/CNSS en vue de rétablir le bon fonctionnement de cette institution de la République. « Le lundi, au cours d’une audience (…) nous avons demandé au directeur général que l’article 8 du statut du personnel soit appliqué et que les nouveaux admis attendent qu’on finisse l’enquête de moralité avant de prendre service », a-t-il confié.
En réponse à cette doléance, la direction générale a signifié aux agents que la note de prise de service des nouveaux agents administratifs est déjà programmée. Ils ont d’ailleurs pris officiellement fonction hier, 3 juillet 2018. Une décision qui n’a pas été du goût de Seydou Koné. « Nous leur avons dit non.
Vous ne pouvez pas lancer le test en janvier 2018, prendre le temps pour administrer les épreuves [12 mai 2018], puis ça devient urgent que les admis prennent service à peine la proclamation des résultats a été faite », a-t-il regretté. Qu’à cela ne tienne, il a appelé le premier responsable à entendre les sollicitations de ses employés.
Par la suite, les journalistes ont émis des préoccupations. « Est-ce que la Coordination des comités CGT-B/CNSS a participé pleinement au processus de recrutement ? », ont-ils demandé. « On a participé au processus jusqu’à un certain niveau », a répondu le SGA Justin Kiénou. « Au niveau de l’administration des épreuves, c’est le DRH et son staff qui gèrent les sujets alors que dans d’autres entités, c’est une commission qui les gère.
Quand il s’est agi de l’entretien oral, nous n’avons pas pris part parce qu’il y avait des problèmes autour du test », a-t-il indiqué. Poursuivant, il a tenu à faire cette mise au point : « Nous ne contestons pas la participation des enfants des cadres de la CNSS aux différents recrutements. Ce que nous demandons à l’institution, c’est de créer les conditions de transparence et d’équité pour tous les filles et fils du Burkina Faso ».