Invité de l’émission « Zone Franche » de Canal 3 ce dimanche, 15 juillet, le ministre Modeste Kérékou, en charge des Petites et moyennes entreprises a dénoncé les comportements des perdants de la présidentielle de 2016. « Quand on a fini son mandat, qu’on soit président ou ministre, qu’on a quitté la scène et que d’autres acteurs sont en train de travailler, on ne se donne pas comme objectif de torpiller ou de saboter tout ce qu’ils font. Il me semble que c’est ce qu’une certaine classe politique avec son soi-disant leader fait», a-t-il regretté. « Ce n’est pas seulement ici au Bénin qu’un président fait 05 ans ou 10 ans et quitte le pouvoir. Si je vais interroger encore l’histoire récente de notre pays, je prendrai l’exemple de feu le Général Mathieu Kérékou, pas parce qu’il est mon père. En 1991, quand il a quitté le pouvoir, il ne s’est pas investi à perturber le pouvoir du président Soglo. Sa posture et sa réserve ont sûrement fait que les gens sont allés le chercher, après, pour venir faire encore 10 ans. Il a passé ensuite la main au président Boni Yayi. Fidèle à sa ligne, il s’est également imposé le silence. Il n’a pas cherché à perturber la gouvernance de son successeur». Ce qu’il a apprécié avec le Général Kérékou ne semble plus être de mise aujourd’hui. Il fera ainsi constater que « c’est maintenant que le président Yayi trouve bien de structurer un parti et de s’opposer en opposant, de procéder sur le terrain à un sabotage en règle de toutes les actions du gouvernement du président Patrice Talon. » « Est-ce que c’est une attitude constructive? Est-ce que c’est une attitude digne de quelqu’un qui a exercé une fois le pouvoir?», a interrogé celui qui a aussi été ministre sous Boni Yayi.
Modeste Kérékou, sur un autre plan, a réagi sur la question de la révision qui continue de défrayer la chronique, surtout à la suite de l’échec de la voie parlementaire. « Si je peux me permettre de me mettre dans le rôle du conseiller du Chef de l’État, je lui dirai que c’est le moment, plus que jamais, d’aller à la consultation populaire », a-t-il alors lancé, faisant allusion à l’option du référendum que concède la Constitution pour la suite. Sur le système de gouvernance instauré par le régime de la rupture depuis avril 2016, l’invité de Canal 3 laissera entendre : «Le bâtisseur ou le précurseur est parfois incompris. Le président Patrice Talon aurait pu se complaire dans la facilité et le laisser-aller auxquels nous étions habitués. Mais il n’est pas cela. Il n’est pas un homme politique, il n’est donc pas dans les calculs bassement matériels de ce type. C’est un homme d’État. ». Pour lui, « la différence entre un homme politique et un homme d’État, c’est que l’homme politique pense à la prochaine élection, tandis que l’homme d’État pense à la prochaine génération ». Talon, à le croire donc, travaille pour la prochaine génération. « Il dispose les bases, les fondamentaux qui ont été ces dix dernières années saccagés, où plus rien n’était à sa place. Il n’y avait plus de normes, plus de repères. C’est bien dans ce pays qu’on pouvait réussir aux concours sans les passer. C’est bien dans ce pays qu’on peut aller à un concours A et réussir pour un concours B, et des exemples comme ça, il en existe beaucoup » a ironisé le ministre.
Au sujet de sa charge ministérielle, Modeste Kérékou a indiqué que « la promotion de l’artisanat pourrait aussi être notre porte de sortie du sous-emploi des jeunes. L’artisanat au Bénin, c’est 311 métiers pour lesquels ceux qui sont formés sont prêts à être employés tout de suite. Il y a donc lieu pour nous de revoir de ce fait notre système éducatif de manière à améliorer les profils des diplômés que nous mettons sur le marchés de l’emploi. »
Christian TCHANOU