L’abstention observée par le député Eric Houndété le 05 juillet dernier au Parlement lors de l’étude de la proposition de loi portant amendement de la Constitution n’est pas anodine. Il faut bien y voir les conséquences de la brouille qui l’a opposé au président Bruno Amoussou en 2016.
Eric Houndété n’a pas soutenu la proposition d’amendement de la Constitution du 11 décembre 1990. Il a préféré un vote abstention comme il l’avait fait d’ailleurs en avril 2017 lors de la première tentative conduite par le gouvernement. Le député avait par ce choix contribué à empêcher le Bloc de la majorité parlementaire (Bmp) de modifier la loi fondamentale au Parlement. Mais, on pourrait également souligner que l’élu a pris ainsi sa revanche contre le président Bruno Amoussou, l’un des initiateurs de la fameuse proposition de loi. Les deux hommes gèrent en effet un différend depuis 2016. Eric Houndété était candidat à la candidature unique que l’Union fait la Nation (Un), l’ancienne alliance politique de l’opposition, devrait présenter lors de la présidentielle de 2016. Cet homme apprécié pour ses choix politiques et surtout pour sa jeunesse ainsi que son militantisme était l’un des deux candidats parmi lesquels l’Union devrait faire son choix. Mais contre toute attente, la procédure n’est plus allée à son terme à cause de l’intervention des hommes d’affaires, Patrice Talon et Sébastien Ajavon. Les deux grands ont négocié, chacun de son côté, le soutien de l’Un. Face à la pression, l’Union dirigée par Bruno Amoussou, a dû renoncer à la candidature interne brisant ainsi les rêves d’Eric Houndété. L’ancien partenaire politique de Lazare Sèhouéto fera dans la foulée un revirement spectaculaire. Il a défendu Lionel Zinsou, le candidat des Forces cauris pour un Bénin émergent, l’ancienne majorité présidentielle que combattait l’Un. Et depuis, le député Houndété a rompu les amarres avec les Unionistes. Ces dernières années, en décidant de voter abstention deux fois successivement contre la modification de la Constitution, cet élu croit exprimer sa divergence avec le pouvoir Talon soutenu par l’Un. Si beaucoup proclament que l’abstention n’a pas dans l’opinion le même retentissement que le vote négatif, il n’en demeure pas moins vrai qu’elle reste un obstacle insurmontable pour les défenseurs de la révision. Il est clair que le Bmp n’a pas le soutien d’Eric Houndété. Et boudant les deux initiatives de la Rupture, il a non seulement dit non à Patrice Talon, mais il a rendu à Bruno Amoussou la monnaie de sa pièce. Il a répondu au président de l’Un qui a également dû jouer de son influence pour empêcher l’alliance de soutenir son propre candidat lors de la dernière présidentielle. Eric Houndété n’a pu oublier la supercherie de 2016. Et elle devrait continuer à influencer sa posture jusqu’à la fin de la législature en cours.
Mike MAHOUNA