(Gouvernement, Anlc… et Fonac pour faire la lumière)
La semaine écoulée, sur deux parutions, votre journal Matin Libre s’est intéressé à la gestion de l’ancien maire de la commune de Lokossa, aujourd’hui député à l’Assemblée nationale et un soutien ‘’fou’’ de l’actuel chef de l’Etat, Patrice Talon. Des mandats de paiement émis doublement ou triplement, pour le même motif, la même période, et dont les décaissements ont été faits au profit de structures prestataires appartenant à ses beaux-frères. Dans la parution de ce lundi, l’épisode 3 du feuilleton Dakpè Sossou porte sur des mouvements financiers suspects sur le compte bancaire de l’ ‘’hôtel’’, Auberge sous l’Iroko, dont il est le propriétaire. Morceaux choisis !
D’entrée, il faut préciser que le compte bancaire (n° O240221118395601) en devise FCfa de l’hôtel « Ets Auberge Sous l’Iroko » est domicilié à Ecobank-Bénin. Pour exposer à présent le constat fait, il faut fait observer que sous la mandature de maire Dakpè Sossou, il y a eu plusieurs transferts de fonds de la caisse de la Recette perception de Lokossa vers le compte bancaire de l’hôtel. Parfois, avec des pièces justificatives fantaisistes, et pour beaucoup de cas, sans justificatif et sans que le conseil communal ne soit informé. Les éléments suivants sont des pistes à explorer. En effet, le 11 janvier 2011, un montant de 1.375.000 FCfa a été transféré avec comme motif « Hébergement de l’Association des étudiants Français en Médecine à Nancy ». Or, de nos recoupements, ces étudiants Français en visite touristique, se sont rendus aussi dans d’autres localités du Bénin, et leur présence à Lokossa n’avait aucun rapport avec la mairie. Même s’ils ont logé dans ledit hôtel qui n’a rien d’extraordinaire. Mais la facture est bien salée. Les 17 et 23 février 2011, le compte de l’hôtel a connu deux mouvements de crédits de 120.000 FCfa reçus, chacun de la Recette perception, et ce pour des motifs que seul l’ancien maire pourra justifier. Le 23 mars 2011, c’est un montant de 300.000 FCfa qui y a été viré avec comme motif : « Règlement facture des sandwichs servis aux invités dans le cadre de la pose de première pierre pour l’installation de la farine Misola ». Et pourtant, ces frais avaient été assurés par les organisateurs du projet, selon nos enquêtes. Au regard de la pile de pièces en notre possession, Dakpè Sossou devra justifier aussi les transferts de 820. 000 FCfa et 410.000 FCfa, effectués le même jour, c’est-à-dire le 20 avril 2011, et pour un même motif : ‘’Réception des femmes des marchés ayant participé à l’accueil de la délégation des parlementaires’’. Qu’est-ce qui justifie la facture du 24 août 2011 estimée à 310 000 FCfa pour l’hébergement d’une Expatriée (sous anonymat), membre d’une association dénommée Cap Espoir du 22 mars au 11 avril 2011 ? De même, pour 325.000 FCfa, le même jour et pour le même motif, l’hébergement, cette fois-ci d’un homme (nous gardons secret son identité) de la même association, du 29 mars au 19 avril 2011. Quand on sait que ces expatriés, pour la plupart du temps, payent leurs frais de séjour, n’y a-t-il pas matière à s’interroger et à interpeller ?
Et la liste est longue !
A tous ces indices, on peut en joindre d’autres qui attirent la curiosité. Tenez ! Le même jour 6 octobre 2011, 1.200.000FCfa et 15.500FCfa sont constatés sur le compte comme crédit venant de la mairie. Le 30 décembre 2011, c’est 670.000 FCfa qui se constate sur le compte encore pour le même motif similaire (confère virement du 23 mars 2011 pour un montant de 300.000 FCfa): « Règlement facture relative au déjeuner complet des différents invités lors de la cérémonie de pose de la première pierre pour l’installation de l’usine de fabrication de la farine Misola ». Pour le 19 janvier 2012, c’est une série de virements qui ont été faits pour un montant total de 3.322.000 FCfa. En détail cela donne, dans un premier temps, 96.500 FCfa pour « Hébergement des délégations étrangères arrivées dans le cadre de l’inauguration de l’hôtel de ville (Mairie) de Lokossa ». Dans un deuxième temps, 465.000 FCfa pour l’hébergement d’une expatriée (dont nous taisons l’identité) « dans le cadre d’un séjour dans la commune de Lokossa ». Troisièmement, il s’agit d’un montant de 15.500 FCfa dont le motif avancé est l’hébergement d’une autre expatriée (dont nous taisons le nom) « dans le cadre du renforcement du secteur touristique de la commune de Lokossa ». Enfin, pour la quatrième facture de ce 19 janvier 2012, il est question d’un virement un peu plus consistant, 2.745.000 FCfa, pour « Restauration des invités lors de la cérémonie d’inauguration de l’hôtel de ville le 01/09/2011 ». Le 5 avril 2012, un montant de 1.395.000 FCfa a été constaté pour raison d’hébergement deux expatriés (identités gardées secrte), arrivés a-t-on dit, « dans le cadre du programme Assistance des écoles de la commune de Lokossa sur l’Environnement et la culture ». 31 mai 2012, 62.000 FCfa relatif à « l’hébergement des membres de la délégation des L.G/France). Le même 31 mai 2012, 3.200.000Fcfa constaté sur le compte pour « Restauration des invités pour les jeux traditionnels organisés par le conseil communal de Lokossa ». Le 14 juin 2012, on note un mouvement de 108.500 FCfa sur le compte pour raison d’ « hébergement Fv Ets Sous l’Iroko Auberge ». Pour finir, 185.000 FCfa ont été constatés toujours sur le compte, mais pour, dit-on, « hébergement des invités ayant participé à la 3è édition du Festival des jeux traditionnels organisés par le conseil communal de Lokossa ».
Nécessité pour le Gouvernement, l’Anlc… et le Fonac d’élucider
Au regard de ces relevés de compte non exhaustif, et qui seront complétés par un autre en cours, il est important que le gouvernement et d’autres structures en charge de lutte contre la corruption telles que l’Anlc, le Fonac, aillent sur ces pistes ouvertes afin de mieux éclairer l’opinion publique. Ce qui interpelle ici, est non seulement les doublures de factures pour des motifs non convaincants, mais aussi pour les montants, qui dans bien des cas, sont renversants. Le Procureur de la République qui peut partir de dénonciations dans les journaux pour investiguer et interpeller, est aussi appelé à faire son job.
Et dire que Dakpè Sossou, député à l’Assemblée nationale, membre du Bloc parlementaire soutenant les actions du Pouvoir en place, a présidé de commissions d’enquête ou a été membre pour d’autres pour élucider les affaires Maria Gléta et de coton ! Il est à souhaiter qu’au plus vite, des commissions d’enquête aillent à Lokossa pour scanner la gestion de l’ancien maire qui a géré avec ses beaux-frères cette commune. Si c’est faits étaient confirmés par les structures compétentes, on peut aisément comprendre pourquoi l’ancien maire Dakpè Sossou et son épouse Colette Awadji sont aussi actifs sur le terrain ; jour et nuit, rangés derrière Patrice Talon. Ce n’est peut-être pas pour rien que Dakpè Sossou soutenait mordicus qu’après son quinquennat de 5 ans à la tête du pays, Patrice Talon fera 7 autres années au Pouvoir. Une autre épine, en tout cas, dans les pieds du chef de l’Etat dans sa lutte contre la corruption.
Worou BORO