Le silence du Parti du renouveau démocratique (PRD) par rapport aux dispositions à prendre par les formations politiques pour se conformer à la nouvelle charte des partis politiques en République du Bénin votée récemment au Parlement inquiète et fait d’ailleurs l’objet de beaucoup de critiques. Il ne pouvait en être autrement, parce que, compte tenu de son poids électoral, de sa présence constante sur l’échiquier politique national et de son envergure, le PRD a toujours été objet de curiosité et de tous les fantasmes possibles.
Les militantes et militants PRD sont conscients qu’une loi, quelle qu’elle soit, s’impose à tout le monde, et le parti s’est suffisamment illustré en légaliste pour supporter d’être pris en défaut.
C’est dire que le PRD respectera la loi comme il l’a toujours fait, même si celle-ci semble avoir été élaborée pour multiplier les obstacles sur son chemin ou même précipiter sa disparition et, ainsi, sonner le glas d’une espérance. Le PRD, à cette étape de sa vie, ne peut pas se permettre de confondre vitesse et précipitation: le PRD survivra dans l’intérêt même du Bénin.
Très peu de partis politiques peuvent se targuer d’apporter, autant que le fait le PRD, un soutien aussi qualitatif que décisif pour la réussite du Programme d’actions du gouvernement (PAG) du président Patrice Talon. C’est un engagement pris très tôt avant même la proclamation des résultats du scrutin qui l’a porté à la tête de l’État, et le parti s’en tient fermement.
Le PRD continuera, dans le dialogue inclusif et le respect de chacun, de creuser les sillons qui mèneront à la réforme de son vœu, sans renier à la préservation des marques de son identité, fruit d’un travail acharné et de lourds sacrifices, qui constituent un repère pour la démocratie béninoise.
En effet, les militants vivent le PRD bien plus comme un parti politique, surtout plus comme une grande famille de gens animés par la soif de vivre ensemble, de conduire un projet commun. Ils sont en droit de faire savoir que c’est de cette volonté commune, de cette union sacrée que le PRD tient le secret de sa longévité. Ils sont en droit d’être jaloux des marques de la conscience politique qui caractérisent leur parti et qui ont sédimenté leur identité à laquelle il ne sera pas facile de renoncer. Ils accepteraient bien de concéder une partie de leur autonomie dans un bloc politique stable, mais leur visibilité, ils y tiennent comme de la prunelle de leurs yeux.
Une lecture croisée du discours d’investiture du 15 juin 2015 et du texte de la loi adoptée au Parlement révèle, sans conteste, que la réforme du système partisan, tel que l’a voulu le président Adrien Houngbédji, reste à faire ; autrement dit, la loi récemment votée n’en constitue qu’une étape.
Les militants du PRD avaient reçu avec beaucoup d’émotion les messages d’amitié et surtout les couronnes tressées à leur parti et à leur leader lors du quatrième congrès ordinaire de leur parti tenu en décembre 2017.Cela les a confortés dans l’idée que leur formation politique est restée à l’avant-garde de la préservation de notre démocratie. Le PRD n’est donc pas une formation politique à laquelle on peut facilement infliger des avanies.
Ces derniers temps, certains commentaires font état d’un cahier des charges de regroupement des partis politiques sur la base de certaines affinités. Faut-il faire remarquer aux auteurs que des affinités ne se négocient pas, ne se décrètent pas, mais se constatent, se jaugent ? Le bruit ne fait pas du bien, et la survie du PRD n’est aucunement menacée.
N’en déplaise à ses détracteurs, le PRD est jaloux de son patrimoine politique matériel et immatériel, il n’a jamais cessé de le faire savoir. Il va patiemment et savamment discuter avec les formations politiques qui se sentent en phase avec ses idéaux et se conformer à la nouvelle charte des partis politiques.
Ismaël Kaffo