Près de 30 mois après la médiation des présidents Ouattara et Gnassingbé à Abidjan, les assurances données et les engagements pris par l’ex président du Bénin, Yayi Boni et son successeur Patrice Talon, n’auront été, visiblement, que de façade.
A Abidjan, courant mi-avril 2016, face aux caméras et micros du monde, et en présence des deux chefs d’Etat, Alassane Ouattara et Faure Gnassingbé, respectivement de la Côte d’Ivoire et du Togo, qui ont joué à la médiation, Patrice Talon et Yayi Boni du Bénin, ont pris la résolution de passer un coup d’éponge sur les querelles qui les ont opposés entre 2012 et 2016. Mais déjà, plus de deux ans d’ « amitié » à distance entre les deuxamis d’hier. Et tout bilan fait, aucune rencontre officielle, aucun tête-à-tête, aucune accolade autre que celle d’Abidjan. D’aucuns pourraient peut-être évoquer le bref contact entre les deux hommes à l’occasion de la célébration de la première fête de l’indépendance du Bénin (1er août 2016) sous Patrice Talon, et cette image montrant toujours les deux, cette fois-ci hors du pays, notamment le 8 août à N’Djaména au Tchad à l’investiture du président tchadien, Idriss Déby. Mais sérieusement, si Patrice Talon et Yayi Boni avaient réellement aplani leurs divergences, l’on se demande s’il y aurait de décisions antérieures remises en cause, autant de lynchages médiatiques, autant de traques contre d’anciens collaborateurs de Yayi Boni, bref autant de tension. Certes Talon n’est pas Yayi, pour recevoir ou aller vers son ou ses prédécesseurs, à tout bout de champ, au nom d’une gouvernance concertée, mais les Béninois l’ont pourtant vu aller vers d’autres personnalités du pays. Par deux fois au moins, Patrice Talon était au domicile de Bruno Amoussou pour des entretiens de longues heures. Aussi reçoit-il d’autres figures de proue de l’échiquier politique pour des échanges. A quand donc un tête-à-tête Yayi-Talon au Palais ou au domicile de l’un ou l’autre, après cette médiation sous régionale? Il y a pourtant eu, et à maintes reprises, Yayi-Soglo, Yayi-Kérékou, Yayi-Amoussou, Yayi-Houngbédji, Yayi-Derlin Zinsou, etc. Toute chose qui n’a pas empêché les vis-à-vis à Yayi de garder leur casquette d’opposants, toute chose qui ne l’a empêché non plus de gouverner pendant 10 ans. La médiation d’Abidjan pourrait avoir son effet si cette ouverture s’observait chez les deux personnalités en jeu. Par ailleurs, un rapprochement Yayi-Talon apportera de grands avantages pour tout le Bénin. Puisqu’on le veuille ou non, le président Yayi, pour ce qu’il a été, reste un grand atout pour ouvrir certaines portes à l’extérieur. Et certaines langues soulignent même que les populations à la base font les frais de la querelle opposant les deux hommes. La non mise en service de certaines infrastructures de développement (aéroport de Tourou, par exemple) et la remise en cause d’autres, pour soit disant redimensionnement, dans plusieurs localités du pays sont des preuves palpables.
Worou BORO