Trois actions médiatiques aussi précipitées les unes que les autres, ont trahi ces derniers jours, le nouveau plan politique de Boni Yayi. De sa gaffe épistolaire sur le « message à la république » à son One man show aux cotés de Obasandjo, en passant par son intéressement soudain à la francophonie, Yayi s’accroche désespérément à un futur qu’il a pourtant déjà cessé de vivre depuis deux ans. C’est un euphémisme que de dire que l’ancien président béninois rêve toujours de la présidence. Le plus populiste, mais aussi imprévisible des présidents béninois se voit toujours à la Marina, le palais présidentiel.
L’entourage de Boni Yayi, continue de murmurer que l’ancien président n’a jamais abandonné l’idée de se présenter une nouvelle fois à la présidentielle. Malheureusement , la constitution béninoise est claire. Ce rêve anti constitutionnelle ne verra jamais le jour. Du coup l’ancien Chef d’Etat emploie son temps à s’introduire dans l’actualité aussi bien nationale qu’internationale.
Pourtant, l’homme avait juré faire de son après marina, des moments de grâce afin de prêcher l’évangile. En quittant le pouvoir, l’ancien président a laissé entendre qu’il s’investirait dans la prédication et la parole de Dieu. « Un discours politique, ou plutôt démagogue » selon un ancien député FCBE, qui éclaire que l’ancien président n’a jamais voulu accomplir un tel rêve. Entre le Christ et le Diable, Boni Yayi a fait son choix. L’envie d’en découdre avec Patrice Talon, face à qui il a perdu toutes les batailles pendant ses dernières années au pouvoir, le démange.
Ses incursions dans l’actualité ont atteint un point culminant ces derniers jours. Alors que la plupart de ses lieutenants et affidés sont poursuivis par la justice pour corruption, à cause de la gestion catastrophique de ce qu’a été le « changement », Boni Yayi occupe lui-même l’actualité. Après une lettre maladroite, qui a été condamnée par une bonne partie de l’opinion, il tente de se rattraper en s’affichant aux cotés de Obasandjo. Une image passée presque inaperçue pourtant sur la toile.
C’est sur sa page facebook, que ce dernier va participer au sommet ouvert le jeudi 11 Octobre 2018 en Arménie en livrant un message plus politique que contextuel. Selon lui, « la Francophonie attrayante devrait être d’abord la production, la prospérité partagée donc la jeunesse éduquée. Urgence pour une Francophonie à l’abri de la fracture sociale et des inégalités entre peuples et Etats membres. Elle sera ce que sera la Francophonie économique »
Le Président d’honneur des FCBE, parti de l’opposition, n’a rien fait d’autre que de réchauffer son éternel discours sur la prospérité partagée et autres concepts loufoques dont il a le secret. Appelé à se prononcer sur les propos de l’ancien chef d’Etat , Jonas Djossou, spécialiste en politique internationale, estime que Boni Yayi fait de l’amalgame, et mélange les enjeux de la francophonie à ceux du Bénin. En effet, ce dernier explique que la Francophonie économique dont parle Boni Yayi, a d’autres enjeux. Il est vrai que l’objectif est le développement inclusif et partagé, réduisant la pauvreté et les inégalités. Cependant pour y arriver, il faut aller à la mobilisation des ressources intérieures des pays, au-delà des fonds de l’aide publique au développement et de la solidarité. « Politique clairement affichée à Cotonou par Patrice Talon » va finir notre source.
En mélangeant il y a quelques jours les chiffres sur l’indice de développement humain, l’ancien président fait de l’amalgame cette fois sur les enjeux et les défis de la francophonie économique. Ce concept a par ailleurs été développé depuis le 15ème sommet de l’institution à Dakar. L’actualité de la Francophonie désormais, c’est « Vivre ensemble dans la solidarité, le partage des valeurs humanistes et le respect de la diversité : source de paix et de prospérité pour l’espace francophone ». Une thème évocateur, qui fait appel à la paix et qui devrait inspirer l’ancien chef d’Etat, qui est de plus en plus soupçonné dans son pays, d’être le gicleur de l’opposition.