Sébastien Ajavon, l’homme d’affaires béninois et président d’honneur du parti Union sociale libérale (Usl) et ses co-accusés écopent d’une condamnation de 20 ans d’emprisonnement ferme et 5 millions d’amende. Le verdict est tombé dans l’après-midi de ce jeudi 18 octobre au siège de la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme, quelques heures après la suspension de l’audience ouverte en début de matinée sur l’affaire « 18 kilos de cocaïne pure ».
Malgré l’absence de l’homme d’affaires Sébastien Ajavon et de ses co-accusés, le juge en charge de l’affaire a conduit à terme le procès et rendu sa décision. Les avocats de la défense venus pour représenter leurs clients n’ont pas eu l’autorisation pour plaider. Selon Me Bensimon interrogé par la presse nationale en fin de matinée, la Cour a exigé la présence physique des mis en cause sans quoi, les avocats ne devraient pas parler. Ceux-ci ont été donc contraints de quitter la salle d’audience. La suite du procès ayant conduit à la condamnation de leur client s’est alors passée en leur absence avec comme verdict, 20 ans d’emprisonnement ferme et 5 millions de francs CFA d’amende. Aussitôt après avoir rendu sa décision, le juge a décerné un mandat d’arrêt international contre les mis en cause y compris, en tête de file, Sébastien Germain Ajavon.
Une « décision préméditée » selon les avocats de Sébastien Ajavon
Absent à l’audience ce jeudi tout comme le 04 octobre dernier, Sébastien Ajavon est condamné à la suite d’un procès controversé en l’absence de ses avocats. Ces derniers condamnent cette décision qu’ils qualifient de « crime » et entendent contester par toutes les voies légales. En effet, les avocats de la défense ont été privés de parole à l’ouverture de l’audience compte tenu de l’absence de leur client. Ils ont dû quitter la salle et laisser le procès se dérouler jusqu’au verdict. Selon eux, le président du tribunal ne leur a pas permis de défendre leur client. « Lorsque nous étions devant cette juridiction répressive, et que nous étions légitimement en droit de prendre la parole, le président nous a refusé de prendre la parole », a déclaré Me Marc Bensimhon. L’avocat a fustigé la procédure de la Criet, les circonstances du déroulement de ce procès et l’attitude du président du tribunal qui, selon lui, ne respectaient pas le droit. Le président d’honneur de l’Usl a été condamné à 20 années de prison ferme et 5 millions de francs CFA d’amende et un mandat d’arrêt international a été lancé contre lui. Une décision que la Cour affirme avoir rendue « par défaut », indiquent les avocats qui ne comprennent pas le sens de cette décision qui, selon eux, n’est toutefois pas chose étonnante car le comportement du président de la Criet présagerait d’une « décision préméditée ». A les entendre, cette condamnation Sébastien Ajavon a été prononcée sur instruction. Les avocats de la défense ont annoncé officiellement leur intention de s’opposer à cette décision qu’ils qualifient d’unilatérale et de se pourvoir en cassation. Une affaire qui entrainera à coup sûr des conséquences pour le Bénin, tant sur les plans politique qu’économique.
Rappel des faits
Cette affaire de « 18 kg de cocaïne pure » remonte au vendredi 28 octobre 2016 où Sébastien Ajavon a été interpellé par la compagnie de gendarmerie maritime du Port de Cotonou, alors qu’il animait un point de presse sur la découverte de cocaïne dans un container destiné à sa Société Cajaf Comon. Selon les sources sécuritaires, les 18 kg de cocaïne avoisinent un montant de 9 milliards.
Après son interpellation, il sera conduit à la brigade maritime en compagnie de trois de ses employés. Quelques heures après, le véhicule transportant les mis en cause prit la direction de l’Office spécialisée dans la lutte contre le trafic de drogue (Ocertid). L’homme d’affaire a fini par passer contre toute attente, une garde à vue de huit jours avant d’être libéré pour absence de preuves. , Sébastien Ajavon sera jugé le 05 novembre 2016 au cours d’un procès en comparution immédiate au cours duquel, l’homme d’affaire a été libéré au bénéfice du doute après avoir nié toute implication dans une affaire de trafic de drogue et plaidé non coupable tout en dénonçant un complot politique contre sa personne. Cependant, malgré sa libération au bénéfice du doute, Sébastien Ajavon compte laver son honneur et refaire son image aux yeux de ses partenaires d’affaires. C’est pourquoi, il a traduit l’Etat béninois devant la Cour Africaine des Droits de l’Homme et des Citoyens (CADHC) et réclame à ce dernier, une somme estimée à 550 milliards de francs cfa pour dommage et intérêts. Mais, quelques jours après sa création et sa mise en service, la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme se saisit de la même affaire déjà jugé et convoqué Sébastien Ajavon à comparaitre le 04 octobre dernier. Il n’a alors fallut que deux audience au cours desquels ses avocats n’ont pas eu droit à la parole à cause de l’absence du mis en cause pour que le verdict de sa condamnation tombe. Une bataille juridique à haute conséquence vient alors de s’ouvrir au Bénin.
Yannick SOMALON