La bataille de 2019 sera celle d’une vie. Les élections législatives de mars 2019 seront non seulement à forts enjeux, mais aussi de tous les suspenses. Plus qu’hier, ce scrutin marquera définitivement la fin d’une ère et sans doute le début d’une autre.
L’Hémicycle sera profondément remanié. Cette phrase peut faire sursauter nombre de députés, mais quoiqu’on dise, l’histoire risque de s’écrire. La huitième législature sera forcément celle d’un Nouveau Départ. L’Assemblée nationale connaître un nouveau cycle avec en majorité de nouveaux hommes, mais surtout une nouvelle forme de leadership. Il ne s’agit pas de prophétie, mais d’un réalisme qui ne se dénie plus. Le premier niveau de confirmation de ce tableau nouveau, c’est d’abord le texte qui sert de base à l’organisation des élections. En effet, la loi portant organisation des élections en République du Bénin prévoit des critères qui compliquent véritablement la tâche aux députés par procuration qui peuplent le Parlement par le passé. En plus des conditions de cautionnement, de quitus fiscal qui ne sont pas aisées à remplir, il y a un autre critère de taille qui mesure réellement la présence politique des prochains locataires du Parlement. Ainsi donc désormais, aucun député ne pourra voir sa liste validée s’il n’obtient au moins 10% des suffrages au plan national. Ce critère à lui seul change toute la vieille tradition et met l’accent sur la présence politique réelle du leader politique. A voir un peu la configuration actuelle de l’Assemblée nationale ainsi que les modalités de choix ayant conduit aux élections précédentes, on peut affirmer sans risque de se tromper, que beaucoup de sièges de députés sont en sursis. Il ne s’agit pas de jouer aux oiseaux de mauvaise augure, mais l’évidence y conseille vivement. En plus de cette difficulté légale, il y a également les réalités politiques. Au nombre d’elles, il faut d’entrée rappeler qu’au regard même des positionnements politiques propres à chaque parti, certains députés actuels ne pourront plus être positionnés têtes de liste. Le fait paraît davantage évident surtout lorsqu’on sait que la nouvelle donne politique induite par la réforme du système partisan provoquera de profonds bouleversements au niveau des positionnements sur les listes. Du coup, certains députés risquent d’être soit déplacés, soit positionnés comme suppléants. Certains risquent même d’être purement et simplement relégués. En dépit de toutes ces contingences, il faut tout de même reconnaître que des 83 députés sortants, certains, sans conteste, reviendront. Quels que soient les bouleversements induits par la réalité politique actuelle, la guerre générationnelle n’aura pas lieu à l’Assemblée nationale. A quelques limites près, ces figures politiques qu’il serait inutile de nommer ici reviendront assurément conformément à la tradition depuis la première législature. Loin de la réalité politique, il y a aussi la réalité judiciaire qui constitue un handicap majeur pour certains députés actuels. Près d’une demi-douzaine de députés dont les dossiers sont en route pour la Haute Cour de Justice pour des faits présumés de détournement sont d’office empêchés pour la course de 2019. A tous ces empêchements s’ajoutent les intrigues sur le terrain.
Une bataille sans merci
Il est une évidence que le dernier mot dans tous les cas reviendra au peuple, mais la bataille sur le terrain s’annonce âpre. Les forces en présence joueront crânement leur chance, mais aussi leurs ressources pour arriver à bout de cette longue marche pour l’Hémicycle. Déjà sur papier, on observe un déséquilibre évident avec d’un côté une mouvance bondée de monde et une opposition assez chétive. D’abord, du côté de la majorité, on note le Bloc progressiste qui, à lui seul, compte plus d’une douzaine de partis politiques et un essaim de mouvements politiques et le groupe Dynamique unitaire qui regroupe aussi de nombreux grands partis. L’opposition, quant à elle, paraît assez maigre avec en tête de peloton un grand parti (les Forces cauris pour un Bénin émergent) et d’autres partis satellites qui ne valent que l’ombre d’eux-même. A ceux-ci s’ajouteront des candidats solitaires qui viendront conforter la troupe. Rien qu’à voir les deux grandes configurations Mouvance/Opposition, on peut être tenté de dire que la messe est dite pour l’opposition. Celui qui l’affirme ne sera pas lapidé, car les élections législatives sont des élections de proximité. Un travail bien organisé peut payer au niveau de la majorité, mais rien n’est encore gagné. La politique béninoise a ses secrets et dans bien de cas, le nombre importe vraiment peu. Une chose est sûre, la bataille ne sera pas facile. Les combattants affûtent leurs armes, la messe politique réserve des surprises agréables pour les observateurs.
AT