Si sur le terrain du côté de la majorité au pouvoir, comme du côté de l’opposition l’on sait déjà ce sur quoi chaque camp met l’accent dans le cadre d’une élection, du côté des partis comme le Prd, l’Udbn et Dud, rien n’est encore clair. Et pourtant, le discours ou le message à passer pour accrocher l’opinion compte.
Généralement pour les partis au pouvoir, en de pareilles circonstances, il n’y a que le bilan du gouvernement à défendre et à miroiter des perspectives. Mêmes les actions les plus impopulaires, on doit essayer de les maquiller pour les faire accepter. Par contre, dans le camp de l’opposition, la ligne de défense, ce sont les faiblesses du gouvernement. La grosse difficulté des défenseurs c’est de parvenir à convaincre pour rafler les sièges en jeu pour ces législatives, dans un contexte où tout le gouvernement et ses soutiens sont perçus dans l’opinion comme des personnes travaillant contre le peuple, et donc ciblés pour être sanctionnés aux urnes. Et il semble que c’est bien le cas actuellement. Qui ne veut pas se faire élire ou réélire pour retrouver son fauteuil à l’Assemblée nationale ? Pour ce faire, outre la question de l’argent qui reste déterminant dans le vote sous les tropiques, qui ne veut pas user d’astuces et de raccourcis pour servir aux électeurs ce qu’ils aiment entendre ? Quand on sait le fonctionnement de certains partis politiques au Bénin, les revirements que savent opérer les personnalités qui les composent se font au gré des situations depuis près de 25 ans, on peut se demander si 2019 fera l’exception. En effet, au cours de leurs sorties les prochaines semaines, Adrien Houngbédji du Parti du renouveau démocratique, Claudine Afiavi Prudencio de l’Union pour le développement d’un Bénin nouveau et Valentin Houdé de Dynamique unitaire pour le développement pourront-ils se sentir à l’aise dans leurs bottes en défendant le déguerpissement des femmes et de petits commerçants des abords de rues, les restrictions de libertés avec le retrait du droit de grève à certains travailleurs, la loi sur l’embauche, la condamnation et l’emprisonnement de certaines figures qui s’opposaient au pouvoir Talon, la création et l’augmentation anarchique de taxes, les licenciements et leurs prises de positions, en tant que députés, pour le vote de certaines lois et les deux révisions manquées de la Constitution ? Ou bien, au regard de la situation, ces frondeurs de la Mouvance mais qui affirment soutenir toujours Patrice Talon, vont user d’autres cartouches au-delà du bilan des trois ans du gouvernement, pour se tirer d’affaire ? Pour être on ne peut plus clair, le Prd ne va-t-il pas transformer en opportunité la récente « crise » traversée avec le départ de certains de ses membres (même s’il se dit qu’ils n’ont jamais déposé de lettre de démission) pour se repositionner dans ses fiefs traditionnels? Tant Me Adrien Houngbédji était fortement critiqué pour s’être trop mis au service de la Rupture. Du moins, aux yeux de l’opinion. Dans Calavi et la très dense 6ème circonscription électorale qu’elle discutera avec d’autres ténors comme Valentin Houdé, Branabé Dassigli, etc, la présidente de l’Udbn restera-t-elle l’enfant de cœur du Pouvoir actuel au point d’en défendre bec et ongle son bilan ? Même préoccupation avec le « vieux routier » Valentin Houdé. Les législatives de 2019, avec la réforme du système partisan, c’est une question de survie ou de mort. Il n’est donc pas exclu que des risques inattendus soient pris par tel ou tel du camp présidentiel. Les téméraires qui feront ce choix diront certainement que si ce n’est que pour continuer d’exister, le reste se règlera après l’élection. C’est aussi cela le jeu politique.
Worou BORO