Pour tenir compte des nouvelles orientations impulsées par le Gouvernement du Président Patrice Talon, le Fnm a organisé les 23 et 24 août 2016, un atelier bilan dont le but est de répertorier les critiques sur ce qui est fait durant les dix années d’existence du Fnm aux fins d’améliorations nécessaires.Tirant leçon des pratiques antérieures, l’accent a été mis, au cours de l’assise, sur la nécessité d’identifier des montages institutionnels et opérationnels capables non seulement d’améliorer l’accès des populations exclues aux services financiers adéquats, mais aussi de générer des incitations favorables à la viabilité de l’industrie de la microfinance, condition essentielle d’une inclusion financière durable dans notre pays.
Tenant compte de la nécessité de mettre les orientations stratégiques du Fnm en adéquation avec les nouvelles priorités de l’Etat pour le secteur de la microfinance, le Fnm a été doté d’un nouveau cadrage clair sur les orientations majeures de son développement pour la période de 2017-2021 avec comme priorité à partir de 2017, la digitalisation des opérations de financement et de remboursement des lignes de crédit. Par ce projet, les parties prenantes du Fnm ont résolu de promouvoir désormais une nouvelle formule d’administration des lignes de crédit qui offre l’avantage pour les impayés d’être drastiquement réduits, localisés et maîtrisés.
La phase pilote de ce projet est en cours dans les 77 communes du Bénin depuis le mois d’août 2018. Plus de 3000 bénéficiaires ont été déjà touchés avec succès grâce à ce système de Micro Crédit Mobile (Mcm) qui marche bien sur le terrain. 9621 agents ont été recrutés, formés et dotés de matériels de travail. Ils sont répartis sur toute l’étendue du territoire national. Désormais, le plancher du crédit est fixé à 50.000 FCFA renouvelable une fois avant de passer à 100.000 FCfa puis accéder aux crédits avec des garanties. La cerise sur le gâteau est que le choix des bénéficiaires est fait par les systèmes financiers décentralisés (Sfd), partenaires du Fnm. Les 9621 agents travaillent sous leur responsabilité et sont directement en contact avec les bénéficiaires. Un système informatique est mis en place pour localiser les agents marchands et suivre les mouvements de décaissement depuis le Fnm. Quant-aux remboursements, ils se font par le même système et avec le même système. Il faut dire qu’il n’est plus possible pour un bénéficiaire de prendre du crédit à plus d’un endroit (cavalerie). Mais il peut faire le remboursement partout où il se trouve sur le territoire.
Le secteur de la microfinance révolutionné
Les opérations d’octroi et de remboursement de crédit peuvent se faire en temps réel, quelle que soit la situation géographique de l’opération. A cet effet, 9621 agents mobiles dotés de terminaux de paiement électronique (Tpe) seront déployés sur toute l’étendue du territoire national. Ils sont identifiables sur le terrain à leur gilet portant le logo du Micro Crédit Mobile. La cavalerie des clients devient impossible au sein de l’écosystème des Sfd digitalisés. La base centrale étant unique, tous les Sfd connectés pourront en toute transparence, identifier et repérer les clients multiples ou surendettés. Au niveau des clients par exemple, la transparence sera matérialisée par la traçabilité des opérations en temps réel par un message Sms ou par d’autres moyens tels que l’émission de reçu instantané sur le terrain directement par les Tpe. Le suivi au niveau central de la situation des remboursements par agent, par Sfd, par commune ou département est possible à tout moment et en tout lieu. L’intérêt et la pertinence de la digitalisation des opérations de mise en place et de remboursement des lignes de crédit sont multiples tant pour le Fnm (structure étatique) et l’Etat lui-même, que pour les Sfd et en dernier ressort, les bénéficiaires que sont la population.
Les gains pour le Fonds national de la microfinance sont nombreux : réduction, localisation et maitrise des impayés ; suivi à temps réel des opérations d’octroi et de remboursements de crédit ; impossibilité de la cavalerie financière ; transparence dans les opérations ; localisation des bénéficiaires ; augmentation du taux de pénétration ; réduction des coûts de suivi sur le terrain ; visibilité du Fnm dans la finance digitale ; fiabilité des informations remontées ; traçabilité dans les transactions ; automatisation des opérations, etc. Pour les systèmes financiers décentralisés, elle permet la réduction des coûts opérationnels ; la proximité ; l’extension du réseau ; le désengorgement des Agences des Sfd; la mobilisation de plus d’épargne par les Sfd ; la diversification des produits et services financiers offerts ; l’accentuation de la visibilité et de la présence du Sfd ; allègement des processus et procédures ; la réduction du risque; l’adaptation des offres aux habitudes et comportements changeants des clients. Pour le bénéficiaire final, elle facilite la : proximité du service ; la réduction du coût de service ; des externalités positives (e-paiements….) ; la sécurité du fonds de crédit ; la facilité d’épargne; la discrétion dans la réalisation des opérations financières ; l’adaptation à l’évolution technologique. Pour l’Etat, il s’agit de l’effectivité de l’inclusion financière; l’effectivité de l’inclusion sociale ; la création d’emplois (9.621 agents mobiles) du suivi en temps réel des transactions et de leur volume ; de la dématérialisation et de la démonétisation ; de la limitation des risques de fraude et de braquage ; etc.
Lien avec le projet Arch
Ce projet de finance digitale du Fnm dont la phase pilote a connu un succès, traduit la volonté du chef de l’Etat de transformer à moyen terme le Bénin en une plateforme de services numériques pour toute l’Afrique de l’Ouest. Il s’articule parfaitement avec les fondements du volet « crédit » du projet « Assurance pour le Renforcement du Capital Humain » (Arch), projet phare du Programme d’Actions du Gouvernement (Pag) dont la phase pilote sera bientôt lancé.
Wandji A.