Les jours se décomptent inexorablement, mais il semble que quelque part à l’hémicycle on prend son temps. L’issue d’une élection apaisée et inclusive hypothétique en dépit de cette bonne volonté au début. Le peuple attend les députés.
Les acteurs politiques traînent les pas, mais le temps poursuit son œuvre inlassable de décompte. Le 15 mai se dépouille au jour le jour sans qu’une vraie issue ne se dessine. L’ardeur notée au début dans la recherche de solutions a baissé considérablement au profit de considérations qu’on a toujours de la peine à cerner. Il semble que tout à coup, le temps ne presse plus et que visiblement, l’alerte du 15 mai n’est plus une préoccupation. Tout est devenu calme, tout est devenu froid. Quelque part à l’hémicycle, certains députés, pourtant très pressés il y a peu, décident désormais de faire durer les débats ou même de traîner les travaux. On a de la peine à comprendre le fond de ce changement brusque d’attitude qui porte un arrière goût politique de blocage qui ne se cache plus. Est-ce le contenu des lois dérogatoires qui dérange ? Est-ce que quelque part on ne souhaite pas vraiment que cette loi ne soit pas votée ? Pourquoi cette résistance assez perceptible? Les questions foisonnent dans l’opinion. Dans tous les cas, il se pose une difficulté politique réelle quant à l’adoption de ce texte qui a fait l’objet de débats houleux à l’Assemblée nationale il y a quelques jours. On est encore loin de savoir le scénario que réserve la session du jeudi, mais il est de plus en plus clair, au regard des positions à l’Assemblée nationale que le vrai débat se trouve autour des textes dérogatoires. Pourtant, le Chef de l’Etat a déjà exprimé assez clairement sa volonté de jouer sa partition. Cest justement pour cette raison qu’il a confié aux acteurs politiques la gestion de la crise. Au cours de son intervention, Patrice Talon a confié au Président de l’Assemblée nationale la lourde tâche de gérer le processus en vue du vote des lois dérogatoires. Patrice Talon a joué sa partition, mais les acteurs politiques continuent d’exposer à la face du monde leur incapacité à s’entendre pour sortir tout un peuple de ce blocage. Certains se livrent à des débats sourds pour obstruer un processus qu’attend avec impatience tout un peuple. Cette septième législature aura vraiment démontré jusqu’au bout sa volonté effrénée à privilégier les intérêts particuliers au détriment de l’intérêt général. La seule prière est que la session du jeudi permette de sortir de ce blocage qui ne finit plus. Il est à souhaiter que la paix et l’intérêt général guident enfin les élus pour qu’enfin le processus soit effectif, car le 15 mai tape sans relâche à la porte.
Ce peuple silencieux
Il est toujours silencieux et observe avec attention ce spectacle animé depuis plusieurs semaines par les hommes politiques. Ce peuple souvent imperturbable observe avec grand intérêt le spectacle politico-politique que font ses fils et filles qu’il a mandatés pour le représenter. Les acteurs politiques seuls maîtres à bord doivent en prendre conscience, car le dernier mot lui revient. Les tractations politiques et jeux de couloir, oui ! La politique spectacle et les invectives oui ! Mais l’intérêt général doit être privilégié, car le peuple silencieux observe. Il lit tout, voit tout, entend tout. Quand arrivera l’heure des dégâts, certains n’auront que leurs yeux pour pleurer. Ce qui se fait est un couteau à double tranchant. Il risque de trancher politiquement la tête de certains. A bon entendeur salut!
Abdourhamane Touré