La deuxième journée d’’audience de la session criminelle de l’année 2019 à la CRIET, s’est penchée sur un grand dossier semblable à ICC-Services dans lequel plusieurs Béninois sont victimes d’escroquerie….

Audience à la CRIET Une structure similaire à ICC-Services fait encore de nombreuses victimes

Audience à la CRIET Une structure similaire à ICC-Services fait encore de nombreuses victimes

La deuxième journée d’’audience de la session criminelle de l’année 2019 à la CRIET, s’est penchée sur un grand dossier semblable à ICC-Services dans lequel plusieurs Béninois sont victimes d’escroquerie. Il s’agit du dossier qui oppose l’Etat béninois au sieur Ibrahim Adamou, poursuivi pour escroquerie aggravée avec appel au public, violation de loi sur le système financier décentralisé en République du Bénin.

L’affaire ICC-Services refait surface, cette fois-ci il s’agit du groupe ACNI dont le directeur Ibrahim Adamou est poursuivi pour escroquerie aggravée avec appel au public, violation de loi sur le système financier décentralisé en République du Bénin.
A la barre, le sieur Adamou né en Côte-d’Ivoire en 1990 et financier trader n’a reconnu que le chef d’accusation qui est la violation de la loi sur le système financier décentralisé en République du Bénin. A en croire le mis en cause, le groupe ACNI dont les activités ont démarré en février 2018 était dans le trading, la tontine, la négociation de crédit, de l’assistance scolaire, de l’assistance immobilière, réabonnement de Canal+, la gestion des dossiers appels d’offres, et la location des véhicules.
Par rapport au Trading, explique le prévenu à la barre, « j’ai pris la peine de chercher les renseignements sur la réglementation en vigueur au Bénin auprès de l’ABPS mais je n’ai pas pu avoir d’orientation ». Le sieur Adamou informe que sur conseils de certains clients, qu’il a envoyé une lettre au Ministre des Finances au mois d’avril 2018 dans le but de le rencontrer pour prendre un agrément.

« Je précise que même sur le site de ma société il est bien mentionné que ma société est un fonds d’investissement. Un fonds d’investissement est une structure habilitée à présenter les opportunités d’investissement aux clients », a-t-il indiqué tout en ajoutant qu’un réseau commercial a été mis en place aux fins de présenter les activités aux populations.
Au groupe ACNI, quatre formules ont été proposées : « celle mensuelle dont le taux est de 15%, trimestrielle 75%, semestrielle 210% et annuelle de 540%. Mais deux après, nous avons enlevé la formule mensuelle parce que non seulement cela ne profite pas à ma structure ni à mes clients ». Ce retrait de la formule mensuelle, il l’a fait suite aux conseils de ses collaborateurs « Quand aujourd’hui mes employés disent qu’ils ne sont pas impliqués dans les options de ma structure, c’est tout à fait juste parce que ce n’est pas de leur domaine. Le trading est une activité sensible et n’importe qui ne peut pas le faire », avance-t-il.
Selon l’accusé, le premier investissement qu’il a fait en ligne est de 1.000.000 FCFA, ce qui lui a permis de se lancer et d’avoir un bénéfice qui tourne autour de 3 et 4 millions FCFA.
« Je n’ai pas voulu en jouir seul et associer d’autres personnes parce que je veux permettre aux populations de bénéficier des avantages des Investissements en ligne. Chaque fin de semaine, je fais minimum 4000 dollars comme gains. C’est avec les cartes Visa et les comptes de transfert électronique. Moi je n’utilise pas trop les cartes Visa parce qu’il y a trop de taxes qui vous sont imposées à payer », fait-il savoir.
Le sieur Adamon indique que la comptabilité de la structure est gérée par des personnes externes au groupe à qu’il fait confiance et que la caissière travaille avec lui au sein de la structure.
L’inculpé a qui il revient la gestion du compte de Acni Groupe à deux comptes à l’étranger et plusieurs autres au Bénin ouverts à BOA, UBA, CEBAO Bank, Ecobank.
Appelé à se prononcer sur le mode d’investissement : il déclare : « J’investis les sous de mes clients dans les bourses. Il n’y a pas de montant fixe, même avec 5000 FCFA, tu peux investir et gagner un taux indéterminé si tu es un spéculateur. Il est arrivé plusieurs fois où j’ai connu de pertes mais jusqu’en septembre qu’on m’a arrêté, j’ai fait plus de gains que de pertes. À mon niveau j’en ai pas idée de la totalité de mes clients mais ma base de données peut me permettre de l’avoir ».
D’après le mis en cause, contrairement aux tontines classiques, celle moderne est numérisée. Quand un client perd sa carte, l’argent est toujours disponible puisque celui-ci a un code qui peut permettre de retracer toutes les mises dans la base de données.
« Pour le prêt, je suis un jeune très sensible à la souffrance des gens autour de moi. C’est pourquoi j’ai instauré les prêts pour pouvoir aider les gens à mener une activité génératrice de revenus. Ce sont les ressources que génèrent mes activités qui me permettent de faire des prêts », a clarifié le directeur du groupe ACNI qui affirme que les activités liées au Trading lui rapportent beaucoup.
L’accusé qui selon ses dires ne fréquente pas d’autres traders renseigne que le 24 septembre avant son interpellation, tous ses clients qui devraient être payés ont reçu leurs sous. « (…) J’avoue la main sur le cœur que c’est par ignorance que je ne suis pas référé à la réglementation en vigueur dans la sous-région », prétend-t-il.
Dans le PV d’enquête, il est mentionné au total 552 clients qui représentent le nombre de clients qui ont déposé pour le compte du Trading. D’après l’accusé, c’est approximativement ce qu’il a en sa possession comme chiffres.
A la question du ministère public de savoir si le prévenu reconnaît qu’au total, c’est 282.390.000 FCFA qui ont été collectés, 79.210.500 FCFA payés, Ibrahim Adamou a acquiescé.

Les victimes à la barre

Au cours de l’audience, quelques clients victimes du groupe ACNI ont été écoutés.
« J’ai déposé 500.000 FCFA et je n’ai rien perçu comme intérêt parce que la date où je dois récupérer mes intérêts n’est pas arrivée à terme avant que la structure ne ferme. Tout ce que je demande c’est mon capital », a énoncé Boris Hounkpé.

Gisèle Ogoudjobi, un commerçant a déposé 1.200.000 FCFA pour le Trading et 180.000 FCFA pour la tontine et n’a rien récupéré comme intérêt. Il plaide juste pour son capital.
Agé de 29 ans, Roméo Oliver Dovonou, agent commercial à la SOBEBRA a déposé 1.000.000 FCFA pour le Trading le 5 septembre et aussi n’a pas eu d’intérêts. « Je demande juste mon capital », lance-t-il.

’ICC bis’’

L’avocate représentant l’Etat béninois, Me Anasidé appelle cette affaire ‘’ICC bis’’ et fait le constat amer selon lequel, les mesures répressives ne dissuadent pas les auteurs.
« Je vous prie de ne pas condamner Monsieur Ibrahim Adamou, mais de l’envoyer aux enfers. Il ne mérite aucune compassion. Vous voyez son attitude depuis le matin où il parle avec arrogance, il malmène la Cour et l’a fait balader à sa guise. D’ailleurs, l’enquête de moralité faite sur lui révèle qu’il a les atouts d’appâter facilement et ce qu’il utilise pour ruiner la population », a signalé l’avocate.
Me Olga Anassidé pense que c’est de l’outrecuidance de sa part de rééditer le dossier ICC et demande ainsi à la Cour d’avoir la main lourde sur lui. « (…) L’esprit intelligent que le rapport de l’enquête nous a révélé sur lui devrait lui permettre de savoir qu’avant d’exercer une activité, il faut avoir d’abord l’agrément. (…) Il est même allé jusqu’à proposer un taux astronomique de 540% par an. Il n’a pu vous démontrer que son entreprise est une société légale. Il ne fait l’ombre d’aucun doute, il a fait de l’escroquerie aggravée avec appel au public. L’ayant fait, il a embarqué toutes ses victimes dans une entreprise chimérique », expose l’avocate.

‹‹ Les victimes méritent d’être poursuivies››

En ce qui concerne les victimes du groupe ACNI, il faut selon l’avocate commencer par sévir pour arrêter ce crime « Vous constatez avec moi que les Béninois ont pris le pari de la facilité. Le carnage qu’à suscité Icc-Services est irritant voire révoltant. Monsieur le Président, dans le rang des supposées victimes, il faut commencer par sévir pour arrêter ce crime. Je voudrais que chaque Béninois se remémore. C’est une invite au travail. C’est pourquoi l’État béninois à juste titre vous demande d’arrêter de recevoir ces personnes comme étant des victimes. Elles méritent d’être poursuivies », a déclaré l’avocate.
Me Olga Anassidé au vu de ses observations, suggère à la Cour de rejeter la demande de constitution des victimes en partie civile, de condamner le sieur Ibrahim à verser dans les caisses du trésor public, la somme de 267 millions de FCFA. Elle plaide également de condamner l’accusé à payer la somme de 250 millions FCFA au titre de réparation des préjudices causées à l’Etat et à ordonner la confiscation de tous ses biens. Tout ce qui sera confisqué, note-t-elle servira à payer les montants des réparations qui seront faites à l’Etat.

Akpédjé AYOSSO