Permettre à la noix de cajou de garder sa qualité meilleure. Dans cette optique, les opérateurs économiques intervenant dans l’exportation du cajou procèdent au séchage des noix achetées auprès des producteurs. Ainsi des tonnes de noix de cajou sont séchées actuellement à Cotonou avant leur exportation.
Joël YANCLO
La campagne de commercialisation du cajou bat son plein actuellement au Bénin et notamment à Cotonou où des dizaines de camions déversent dans différents magasins disposant d’aire de séchage adaptée, dans la zone industrielle d’Akpakpa, des centaines de tonnes de noix de cajou destinées à l’exportation. Mais avant son embarquement, le cajou doit subir un traitement devant lui permettre de rester intact et garder sa qualité meilleure afin de ne pas déplaire au client final. Ce traitement, c’est le séchage qui a lieu à Cotonou depuis le lancement de la campagne de commercialisation du cajou, le 07 mars 2019. Le séchage consiste à étaler les noix de cajou sur une aire de séchage en couche pas trop épaisse. Les noix sont remuées de temps en temps afin d’avoir une uniformité de séchage.Donc le séchage a pour but d’enlever l’eau qu’il y a dans la noix de cajou. Car, les noix de cajou gorgées d’eau se détériorent très facilement. « Ici, nous séchons systématiquement toutes les livraisons que nous recevons. Donc c’est après le séchage que les bonnes dames procèdent à la remise en sac, et on revient maintenant entreposer lot par lot et par petits tas à l’intérieur du magasin pour permettre à la chaleur de s’évacuer et c’est quelques jours après lorsque le produit sera bien sec et bien dégagé de la chaleur que nous procédons maintenant aux empotages en direction de nos clients à l’extérieur du Bénin », explique Victorin Djossou, magasinier de la société Hajari international Bénin Sarl spécialisée dans l’achat et l’exportation des produits tropicaux en l’occurrence les noix de cajou. Cette société reçoit ses produits des régions de production de noix de cajou telles que Savalou, Savè, Bantè, Dassa, Kétou, Illara, Kalalé, Parakou, Pira, Pèrèrè, Djougou etc. Le séchage dure 2 à 3 jours selon l’ensoleillement. Selon les professionnels du cajou rencontrés, les noix sont bien sèches lorsqu’elles résonnent comme des cailloux. Aussi lorsque la coque des noix résiste à la pression de l’ongle, cela indique qu’elles sont bien séchées. Il est plus avantageux de vendre la noix bien séchées à un prix rémunérateur que de vendre des noix gorgées d’eau à un prix bas et perdre des acheteurs qui rencontreront des problèmes de perte de poids et de pourriture. De même, les noix bien séchée pourraient être conservées pendant une année sans perte de poids de plus de 10% mais les noix mal séchées perdent au moins 5% pendant les 10 premiers jours suivant le stockage, les noix sont déclarées bien sèches lorsque le taux d’humidité des noix est ramené à 12%. Pendant les journées peu ensoleillées, il faut prolonger le séchage de quelques jours jusqu’au séchage complet.
Pour Victorin Djossou, la campagne de noix de cajou a une spécificité, « c’est qu’il n’y a pas une date de fin de campagne exacte, chaque société finit sa campagne par rapport aux contrats qu’elle a pour les exportations. » Quant à Timothée Essoun, partenaire des exportateurs de noix de cajou, il fait savoir que le séchage consiste à avoir les produits sains et saufs une fois en Inde ou dans les pays de destination. « Parce que sur le bateau il y aura un certain nombre de jours, de mois à faire. Donc si les noix ne sont pas restées sèches pendant ce voyage maritime se serait vraiment une pourriture. Donc il y a la nécessité de sécher les noix de cajou avant de pourvoir procéder à l’empotage. » Il n’oublie pas les coopératives qui travaillent à l’intérieur du pays et qui sensibilisent les producteurs à pouvoir faire une bonne conservation après la récolte. Car, « normalement les noix de cajou ne doivent pas être cueillies, les noix doivent tomber d’elles-mêmes. Les noix qui tombent d’elles-mêmes sont différentes de celles qu’on a cueillies et sont de meilleure qualité », fait savoir M. Essoun.
Cette opération de séchage des noix de cajou est une source d’emploi occasionnel chaque année pour des hommes et des femmes qui ont des rôles bien définis. Les hommes sont chargés de faire sortir les sacs de cajou du magasin, alors que les femmes font l’étalage sur une aire préparée pour la cause, ensuite elles remuent à intervalle de temps régulier, les lots étalés. Aussi, il y a des agents sanitaires qui passent régulièrement contrôler les règles qui régissent les conditions à prendre pour le séchage. Car les femmes doivent porter chaussettes gants et cache-nez pour éviter des conséquences néfastes à leur santé relatives à ce travail de séchage.
Chute des prix sur le marché international
Le commerce d’exportation du cajou est un business bien rentable. Seulement que, cette année 2019, la chute des prix pratiqué sur le marché international ne permettent pas aux opérateurs économiques du secteur de réaliser de bonnes affaires. «C’est un bon business sauf que cette année, la qualité a chuté par rapport à l’année dernière par exemple. Aussi il y a un problème qui s’est posé, c’est qu’on a acheté à un prix élevé mais au fil des jours le prix sur le marché international a drastiquement chuté. Ce qui fait que, pour exporter, pour vendre, c’est un problème et il y a beaucoup de contrats à l’international qui ont été supprimés, ce qui fait que dans la filière cette année, beaucoup de sociétés font face à un problème de vente » déclare Santhosh Kunjuraman, manager général de la société Hajari international Bénin sarl. Pour lui, au Bénin, le seul point d’achoppement, c’est que la taxe est un peu élevée.
Donc, pour accompagner la filière, il propose que le gouvernement revoie un peu à la baisse la taxe à l’exportation, apporter un accompagnement aux producteurs pour faire évoluer la production. Aussi, M. Kunjuraman propose aux producteurs de cajou d’entreposer leurs produits dans de meilleures conditions bien à l’abri, dans des sacs de jute et non dans des sacs en plastiques ni dans des bols, des bassines et dans des endroits aérés pour permettre de garder la bonne qualité de la production, afin d’augmenter leur rentabilité.
Conscient que la noix de cajou est une denrée hautement prisée et faisant l’objet d’un échange considérable au plan international, aujourd’hui face à la chute des prix sur le marché international, le manager général de Hajari international Bénin pense déjà à la transformation sur place, ici au Bénin. La grande majorité de la noix de cajou brute de la sous-région est exportée en direction de l’Inde et du Vietnam où elle est transformée, puis, soit consommée dans ces pays mêmes, soit expédiée en direction des États-Unis ou de l’europe pour une plus grande transformation et conditionnement.
En Inde, au Vietnam et au Brésil, chaque élément constitutif du cajou est exploité ou transformé pour générer des revenus. Ceci intègre la noix, la pellicule à l’intérieur de la coque, le liquide à l’intérieur de la pellicule ainsi que la pellicule extérieure. Si l’on peut transformer les noix de cajou en utilisant les méthodes traditionnelles, les techniques modernes de transformation sont plus efficaces, mais requièrent un niveau plus élevé d’apport de capitaux (équipement), de gestion d’entreprise et de planification. Il existe des opportunités pour accroître l’efficacité de la transformation de la noix de cajou dans la sous-région, mais elles reposent toutes sur l’adoption et la mise en œuvre d’un bon plan et d’une bonne stratégie d’affaires.