Les préparatifs de la Coupe d’Afrique des Nations 2019 vont bon train du côté des Ecureuils, à en croire le sélectionneur national, Michel Dussuyer. Dans cette interview, il dévoile le chronogramme de préparation, les sites et les dates clés de la mise au vert ainsi que les dispositions pratiques pour l’atteinte des objectifs, notamment passer tout au moins le cap du premier tour.
La Nation : Nous sommes à peu près à un mois du démarrage de la Can Egypte 2019. Quelles sont vos ambitions pour cette compétition ?
Michel Dussuyer : J’ai clairement annoncé comme objectif principal d’amener le Bénin le plus loin possible après le dernier match des qualificatifs contre les Eperviers du Togo. Je pense aussi qu’il faut décliner nos objectifs par étape. Ainsi, la première étape, c’est de gagner un match en Coupe d’Afrique, ce que le Bénin n’a pas encore réussi à faire en trois phases finales de cette compétition. Le deuxième objectif, c’est de se qualifier pour les huitièmes de finale et l’objectif N°3, c’est rentrer le plus tard que possible de cette compétition.
Logé dans la poule F qui paraît difficile, le Bénin jouera le Ghana, la Guinée Bissau et le Cameroun. Pensez-vous que le cap du premier tour peut être franchi ?
Il n’y a pas d’inquiétudes par rapport à ces adversaires. D’abord, c’est excitant de participer à une phase finale de Coupe d’Afrique des Nations et de défier les grandes écuries du continent. Il n’y a pas d’appréhensions mais une envie de bien jouer et de se frotter à de grandes nations de football comme le Cameroun, champion en titre et le Ghana, qui est d’une régularité rare dans ce tournoi. C’est bien d’arriver à créer des problèmes à ces équipes en vue d’atteindre nos objectifs. Tout ceci passe par un travail préalable. On sait qu’on n’a pas l’effectif du Ghana et du Cameroun mais nous jouerons crânement nos chances. On est capable de rivaliser avec les grandes équipes à condition qu’on mette les ingrédients qu’il faut. Si on dit que ça va être facile, on se trompe. Il faut être raisonnable et non utopique.
Au lendemain de la qualification, vous avez souhaité que le staff technique soit mieux étoffé avant la compétition. Qu’en est-il à ce jour ?
L’état des lieux est que l’effectif sera effectivement étoffé. J’estime que c’est une préparation qui est très longue et une charge de travail très lourde. On a besoin de ressources humaines supplémentaires. Il y aura l’arrivée d’un préparateur physique adjoint. On a reçu du matériel de la Confédération africaine de Football (Caf) avec des gilets Gps, cela nécessite une compétence de plus pour mieux utiliser ces outils. Vu qu’il y aura des analyses vidéo lors du tournoi, il sera élogieux d’avoir un spécialiste pour me soulager. Il y aura également un autre kinésithérapeute pour appuyer le staff médical dans sa mission.
Quelle est la date de démarrage du stage pratique de l’équipe ?
Certains joueurs ont des obligations avec leurs clubs jusqu’au 26 mai, notamment ceux qui jouent en Ligue 2, en Ligua turque et autres. Il y aura une dizaine de joueurs qui vont
rejoindre Cotonou à partir du 27 mai et puis on va travailler sous forme d’externat. Les joueurs seront dans les conditions comme en clubs. Ils viendront à l’entrainement et repartiront en famille après les séances dans la période du 27 au vendredi 31 mai. Le reste des joueurs devra rejoindre le groupe le 2 juin sauf cas de force majeure. Le départ pour le Maroc est prévu pour le 3 juin prochain.
Parlez-nous des sites qui vont accueillir les Ecureuils au Maroc.
Il y a deux sites qui sont retenus pour la préparation de l’équipe. Nous souhaitons aller dans la première semaine à Ifrane qui est une station située dans les montagnes de l’Atlas. Un bon cadre pour faire le travail physique individualisé pour régénérer les cellules après la saison pleine des joueurs en club. Car, en termes de temps de jeu, les besoins des uns et des autres sont différents et donc, il faut profiter de cet environnement pour mettre les joueurs en condition physique. Ensuite, on va descendre au niveau de la mer et se rapprocher des conditions d’Ismaïlia. Dans un premier temps, nous avons proposé Marrakech puis après El-Djedida. Mais, je pense que les conditions de Marrakech sont plus proches de celles d’Ismaïlia que celles d’El-Djedida. Lors de mon passage au Maroc, je suis allé visiter les installations, il y a un problème de surcharge au niveau des hôtels de Marrakech car il y a une manifestation sur place le 14 juin. Je me suis rabattu sur le site d’El-Djedida qui présente l’avantage en termes de conditions de travail intéressantes autour d’une équipe de football. On est encore à la phase de la prise de décision. Si on trouve un bon hôtel à Marrakech, on va opter pour y rester. C’est une décision qui sera prise dans les tout prochains jours par les autorités au plus haut niveau.
Pourquoi avoir retenu la Mauritanie et la Guinée pour les matchs amicaux ?
Pour une raison simple. D’abord, les deux équipes seront physiquement présentes au Maroc dans la même période que nous. C’est une solution de facilité. Dans cette période, il faut éviter de passer du temps à faire des voyages en avion. Il faut se focaliser sur les séances d’entrainement au lieu de faire beaucoup de déplacements. C’est pour cela que nous avons prévu seulement deux matchs amicaux. Nous allons jouer le premier match amical le 11 juin et le second une semaine plus tard avant d’effectuer notre première sortie dans le tournoi le 25 juin. Tout ceci nous permettra de travailler dans la durée et évaluer en même temps l’équipe.
Quand rendrez-vous publique la liste des joueurs retenus pour la Can ?
La liste sera rendue publique le 28 mai après le dernier match des joueurs en clubs. Il faut s’assurer de la forme de tous les joueurs avant de dévoiler cette liste pour le stage au Maroc.
Michel Dussuyer donnera-t-il une liste définitive directement ou une pré-liste avant ?
La préparation est une question délicate. Je suis à ma sixième Can et chaque fois, il n’y a jamais rien d’idéal. Je pars du principe que la liste définitive doit être remise à la Caf dès le 11 juin, soit une semaine après notre stage au Maroc. J’ai donc fait l’option de retenir 23 joueurs pour le stage au Maroc. On partira à 23 et on donnera des programmes de travail dans la semaine pour des joueurs qui seront réservistes à l’image de ce qu’avait fait l’équipe de France lors des préparatifs de la Coupe du Monde 2018.
Y aura-t-il des joueurs locaux dans la sélection ?
J’essaie d’observer le plus grand nombre de joueurs possible par rapport au niveau individuel et du point de vue technique. Rien de notable à se mettre sous la dent jusqu’à présent. Je pense qu’il n’y a pas de joueurs qui aient attiré mon attention particulièrement.
Quid des binationaux en Europe ?
Parlant des binationaux qui peuvent nous apporter, on peut citer Jules Koundé, Colins Dagba et Daniel Didavi qui évoluent en championnat d’élite. Malheureusement, ceux-ci ne sont pas prêts à arborer le maillot des Ecureuils pour des convenances personnelles pour le moment. Jules Koundé et Colins Dagba ont des projets avec l’équipe des U23 de la France. Pour l’instant, il faut penser à ceux qui sont là. Ceux qui ont fait la campagne des éliminatoires et qui ont permis au pays de se qualifier. Bref, il n’y a pas de binationaux ciblés qui évoluent en Ligue 1 dans un pays, tel qu’il soit, que je n’ai pas contacté à ce jour.
Comment pensez-vous aborder les différentes rencontres de la Can ?
Je pense qu’il faut aborder ces matchs avec détermination. Nous ne sommes pas les favoris de la compétition. Il faut essayer de prendre les adversaires de la meilleure manière et prendre les points qu’il faut et franchir ce premier tour. Il faut aller avec certitude, confiance et respect parce que ceux qui doutent ne pourront pas avancer et ceux qui sont trop confiants peuvent être surpris. Ils pourront passer à côté du sujet. Seule la nation qui saura s’y prendre ira le plus loin possible. A nous d’avoir les pieds sur terre et savoir de quelle qualité on dispose mais aussi tirer de notre potentiel pour y aboutir.
Une fois encore, Sessègnon sera absent. Comment pallier son absence en milieu de terrain qui reste problématique ?
Nous allons récupérer des joueurs en milieu de terrain. C’est la bonne nouvelle même si Stéphane Sessègnon ne démarrera pas avec l’équipe. Il y a une large marge de progression au niveau de chaque joueur. Il y a des secteurs sur lesquels chaque joueur doit se rendre performant. Au sujet de Sessi d’Almeida, on ne peut pas lui enlever son agressivité car tout ceci fait partie du jeu si on se réfère à ce qui s’est passé en Gambie. Il faut qu’il garde cette énergie.
Que pensez-vous de Mouri Ogoubiyi et Razack Omotoyossi que vous avez vu évoluer dans le championnat local ?
Je pense qu’ils jouent bien mais je travaille beaucoup plus pour le futur.
Comment gérez-vous les questions de primes ?
Je n’aime pas trop me mêler de ces sujets. La négociation des primes des joueurs n’a jamais été favorable aux sélectionneurs. L’entraîneur est entre le marteau et l’enclume dans ce cas, les autorités peuvent le soupçonner de pousser les joueurs à réclamer de grosses primes ou vice-versa. J’ai parlé des primes du staff technique avec le ministre. Je souhaite que toutes ces questions soient vidées avant la compétition pour le bonheur de tous. Je fais confiance au ministre chargé des Sports et au président de la fédération qui sont conscients que ces questions doivent être vidées avant la compétition.
Propos recueillis par Christian HOUNONGBE (Stag.)