Sociétaire du Chamois niortais, l’international Saturnin Allagbé, gardien de but des Ecureuils du Bénin évoque dans cette interview son parcours de footballeur. Natif d’Assaba (Bantè), l’ancien champion du Bénin en 2010 et 2012 avec l’Association sportive du Port autonome de Cotonou et champion de division d’honneur de la Ligue du Centre-Ouest en 2015 avec la réserve du Chamois niortais football club dévoile le secret caché derrière ses belles prestations lors de la dernière phase finale de la Coupe d’Afrique des Nations où il a réussi des arrêts décisifs.
La Nation: Comment avez-vous démarré votre carrière de footballeur ?
Saturnin Allagbé : J’ai démarré ma carrière dès l’enfance dans mon village natal, Assaba, commune de Bantè, dans le département des Collines. J’ai appris à jouer comme les autres enfants de mon village. J’ai pratiqué le football de rue avant de trouver le chemin du haut niveau.
Savez-vous déjà à cette époque que vous étiez prédestiné à une carrière de footballeur ?
Non. On jouait simplement. C’était une passion. C’est arrivé à Cotonou vers 2002 que mon véritable rêve de devenir footballeur a pris corps.
Comment est-ce que vous vous êtes retrouvé dans le centre de formation de Tanéka ?
Je pense que c’est le destin. Une fois à Cotonou, des portes me sont ouvertes avec le soutien de certains aînés.
Comment avez-vous vécu dans ce centre ?
Une fois dans ce centre de formation, j’ai eu l’envie de travailler pour faire carrière dans le football. On était nombreux à y aller mais tout le monde n’a pas eu la chance que j’ai eue. Le président Adrien Ahouandjinou avait un bon projet. J’ai bénéficié de l’environnement et du bon travail qui se faisait dans ce centre. C’était un centre de sport et études qui nous a permis d’apprendre facilement.
Qu’est-ce qui vous a inspiré dans votre environnement à choisir le poste de gardien ?
Je dirai d’abord mon papa qui a été gardien de l’équipe de Bantè puis mon oncle Charles Anna qui a été gardien de l’équipe nationale du Dahomey. Ces deux personnes ont été mes modèles dès mon jeune âge.
Parlez-nous de votre transfert de Tanéka à l’Aspac ?
A l’époque, il y avait un partenariat entre l’Association sportive du port autonome de Cotonou (Aspac) et le centre de formation Tanéka. C’est dans ce cadre que le coach de l’Aspac d’alors, Emile Enanssouan m’a contacté et a fait le vœu de m’avoir dans son effectif. Il avait besoin de mes services. Le nécessaire a donc été fait et j’ai rejoint l’effectif des portuaires.
Pouvons-nous dire que votre passage par ce club du championnat d’élite a facilité votre évolution?
Vous savez que rien n’est facile dans la vie. C’était un tournant dans ma carrière. J’ai débuté au poste de troisième gardien à l’Aspac. Je suis passé ensuite deuxième avant de devenir titulaire en 2010 avec Alain Gaspoz. Le club a remporté deux titres de champion du Bénin en 2009-2010 puis en 2011-2012. En 2011, j’ai connu ma première sélection avec l’équipe nationale du Bénin.
Depuis 2014, vous êtes dans l’Hexagone avec le Chamois niortais. Comment s’est passée votre transfert de l’Aspac à Niort ?
Il n’y a pas eu de magie (rire). Cela n’a pas été également facile. Il a fallu la Coupe d’Afrique des Nations U20 Algérie 2013 pour me voir m’affirmer davantage. Mes bonnes performances ont milité en ma faveur. Beaucoup de recruteurs ayant vu mes prestations m’ont sollicité. Ainsi, j’ai été mis à l’essai par les Girondins de Bordeaux avant la saison 2013-2014 mais je n’ai pas été retenu. Mais, ce fut une expérience positive. Je suis rentré au pays avant d’être recruté par le Chamois niortais en juin 2014.
Comment avez-vous été accueilli dans ce club français ?
J’avoue que j’ai été bien introduit. J’ai d’abord signé un contrat professionnel de trois ans avec le Chamois niortais football club. Ne jouant aucun match avec l’équipe première, j’ai été titulaire avec la réserve professionnelle promue en championnat de France amateur 2 en fin de saison. Considéré comme un acteur majeur de cette montée, j’ai su m’imposer par mes prestations en passant du troisième gardien au titulaire du club. J’ai prorogé mon contrat cet été jusqu’en 2022.
Au regard de vos performances en club puis avec l’équipe nationale en Egypte, quel est le petit secret de Saturnin Allagbé ?
Mon secret, c’est le travail et la patience. Ensuite, il y a la ferme conviction de vouloir réussir dans sa carrière qui me pousse à aller de l’avant. Je pense qu’il faut travailler fortement et y croire. Si tu n’es pas patient, si tu ne travailles pas dur, tu ne peux rien réussir. Moi, je n’ai jamais lâché, j’ai toujours cru à ce que je fais.
Vous avez eu la confiance de Michel Dussuyer lors des trois derniers matchs des Ecureuils à la Can 2019. Qu’est-ce qui vous a motivé lors de ces rencontres décisives ?
Je savais que l’attente était grande et j’ai essayé de donner le meilleur de moi-même pour satisfaire le public sportif béninois. Aujourd’hui, ce n’est pas une fin en soi. Je dois continuer à travailler pour continuer à bénéficier du soutien de la population. Je dois encore prouver au peuple béninois que je suis capable du meilleur dans les compétitions à venir.
Quelle a été votre plus grande satisfaction à la Can 2019 ?
C’est d’abord le fait d’avoir fait au moins un match dans ce tournoi. C’est également le fait d’avoir été jusqu’en quart de finale avec l’effectif. Je pense que notre grande satisfaction au sein de l’équipe, c’est d’avoir permis au peuple béninois de rêver.
Qui a été votre plus grand soutien ?
J’ai rencontré beaucoup d’honnêtes personnes sur mon chemin. De mon village à Cotonou en passant par Tanéka et l’Aspac, beaucoup de gens ont favorisé mon ascension. J’en profite pour les remercier pour tout leur soutien. Toutes ces personnes m’ont aidé et j’en suis reconnaissant.
Quelles ont été vos difficultés dans cette carrière ?
Les difficultés ne manquent jamais dans la vie d’un homme. J’ai eu beaucoup de problèmes que j’ai dû surmonter pour évoluer dans ma carrière. Le plus important, c’est d’avancer.
Quels conseils aux jeunes qui veulent évoluer en football ?
Je leur conseille de travailler et d’être patient, car le résultat vient au bout de l’effort.