(Les enseignants renonceront-ils à leur mot d’ordre ?)
Le boycott de l’évaluation diagnostique des enseignants est inévitable au regard des derniers développements de l’actualité. Dans l’optique d’éviter un probable nouveau camouflet, une délégation gouvernementale est annoncée dans les différents départements du Bénin pour rassurer et convaincre les enseignants de prendre part aux compositions prévues pour le 24 août prochain…Mais pour certains observateurs, cette démarche risque d’être sans effet…
Présidé par le ministre des enseignements secondaire, technique et de la formation professionnelle, Mahougnon Kakpo et le ministre des enseignements maternel et primaire, Salimane Karimou, le comité interministériel a entamé depuis ce mardi, 13 août 2019, une tournée de sensibilisation des enseignants, chefs d’établissements scolaires, conseillers pédagogiques. Des rencontres initiées dans le but de convaincre ces acteurs de l’école de la pertinence de l’option du gouvernement de les soumettre à une évaluation diagnostique en vue d’identifier les besoins en renforcement de capacités dans le secteur éducatif. Ainsi, la délégation gouvernementale est attendue dans les différents chefs-lieux des départements du Bénin. Une tournée de sensibilisation qui a démarré depuis ce mardi dans les départements de l’Ouémé et du Plateau, comme prévu dans la feuille de route relative à la tournée gouvernementale de sensibilisation des acteurs de l’école sur l’évaluation des connaissances professionnelles des enseignants. Ce mercredi, 14 août 2019, ce sera le tour des enseignants des départements du Littoral et de l’Atlantique de recevoir la délégation gouvernementale tandis que ceux du Mono et du Couffo recevront la délégation ce vendredi, 16 août 2019, la journée du jeudi étant chômée et fériée. Quant aux acteurs des départements du Zou et des Collines, ils échangeront avec la délégation samedi, 17 août prochain pendant que le rendez-vous est pris pour lundi, 19 août avec les enseignants du Borgou et de l’Alibori. Selon la feuille de route, la tournée est prévue pour prendre fin mardi, 20 août 2019 avec les enseignants de l’Atacora et de la Donga. Ainsi, une note de service a été adressée aux directeurs départementaux des enseignements secondaires, technique et de la formation professionnelle afin que des dispositions soient prises pour une mobilisation des acteurs concernés. Les rencontres sont également ouvertes aux élus locaux, maires, associations des parents d’élèves, Organisations non gouvernementales du secteur éducatif. Si cette démarche est perçue d’avance, par certains, comme un échec au regard de la position tranchée des enseignants, il importe de s’interroger sur l’importance et surtout l’opportunité de cette tournée gouvernementale. Que diront les ministres de l’éducation de nouveau en dehors des assurances données lors des sorties médiatiques à Cotonou ? Pourquoi le gouvernement n’a-t-il pas concerté les enseignants avant de remettre en cause publiquement, leurs compétences ? Cette tournée pourra-t-elle faire fléchir des enseignants plus que jamais déterminés à boycotter l’évaluation ? Les questions restent toutes posées et la seule évidence aujourd’hui est que ces enseignants se sentent humiliés à la face du monde y compris leurs apprenants. C’est donc clair que la délégation gouvernementale ne peut pas espérer un accueil digne du nom de la part de ces derniers. Encore que beaucoup pourrait manquer à l’appel. De toute façon, le feuilleton ne fait que commencer !
Aziz BADAROU