Le Médiateur de la République sort de sa réserve. Hier, ses services ont fait à la presse le bilan des actions menées au cours de l’année 2018. Traité à tort d’institution inutile ou budgétivore, le Médiateur de la République abat pourtant un travail très appréciable. L’année écoulée, l’institution a traité 557 dossiers relatifs selon le cas à la gestion des carrières des agents de l’Etat, aux affaires domaniales et sociales, aux dysfonctionnements ou défaillances dans le fonctionnement du service public, aux créances sur l’Etat, aux allocations de bourses universitaires, à l’exécution des décisions de justice…. Précision utile, depuis sa création, au milieu des années 2000, le médiateur de la République a traité 4513 recours.
Contrairement à ce que pense une bonne partie de l’opinion, cette institution n’a pas pour mission de servir de courroie de transmission entre les travailleurs et le gouvernement. Elle n’intervient donc pas dans la résolution des crises sociales, mais sert d’intermédiaire entre les administrés et l’administration, notamment pour les cas de violation de divers droits. Plus de dix ans après sa création, les Béninois, dans leur majorité, n’ont toujours pas une idée claire quant à ses compétences. C’est donc à bon droit que d’aucuns estiment qu’elle mérite d’être supprimée. Par contre, ceux qui l’ont pratiquée savent que cette structure est nécessaire et qu’il faille plutôt la renforcer.
Au titre des perspectives, pourquoi ne pas étendre ses attributions afin qu’elle joue aussi le rôle de médiateur entre le gouvernement et les partenaires sociaux ? Peut-être que de cette manière, l’opinion aurait une meilleure perception de son utilité dans la République. Mieux, avant de passer le relai à Joseph Gnonlonfoun, Albert Tévoèdjrè avait réussi à ouvrir l’antenne régionale du septentrion basée à Parakou. Fonctionne-t-elle correctement avec les moyens requis ? Assurément non. Puisque les plaintes récurrentes des populations contre l’administration s’observent un peu partout sur l’ensemble du territoire, il serait judicieux que chaque département du pays abrite une représentation du Médiateur de la République.
La nécessité du maintien de cet organe dans le dispositif institutionnel se justifie également par le fait que les administrés qui se plaignent de bonne foi parce que effectivement lésés dans leurs droits obtiennent la plupart du temps satisfaction parce que l’institution se fait leur porte-parole auprès de l’administration mise en cause. Plus besoin de s’adresser à la justice avec le temps plus ou moins long et le coût que cela engendre. Les prestations du médiateur sont gratuites et se font dans des délais raisonnables à moins qu’il s’agisse de dossiers compliqués.