(Qu’en disent les activistes d’hier, aujourd’hui ouvriers de la Rupture ?)
17août 2010 – 17 août 2019 ! Samedi dernier, cela faisait en effet 9 ans que Pierre Urbain Dangnivo, cadre du ministère des finances, est porté disparu. Ce qui, au départ, était parti pour être un fait divers, s’est révélé au fil du temps être une affaire ‘’d’Etat’’. Récupérée par l’Opposition et les activistes des droits de l’homme d’alors, l’affaire Dangnivo sera l’une des causes de la chute du régime Boni Yayi. Mais une fois au pouvoir, le gouvernement de la Rupture n’arrive toujours pas à élucider ce dossier.
A l’avènement du régime du Nouveau départ en 2016, les Béninois qui ont porté leur choix sur le président Patrice Talon s’attendaient que lumière soit faite sur les scandales qui ont secoué le régime Boni Yayi. Au nombre de ces scandales figurait en bonne place l’affaire Dangnivo. Et pour cause, dans le rang des activistes, qui en son temps incriminaient le régime du Changement puis de la Refondation, il y a avait Me Joseph Djogbénou, avocat de la famille du disparu. Avec l’Opposition, ils avaient surfé sur cette affaire pour se rendre populaires en même temps qu’ils promettaient de rendre justice, d’aller au bout de l’enquête, une fois qu’ils seront aux affaires. Devenu ministre de la justice, on attendait de l’avocat de la famille qu’il pèse de son poids pour qu’enfin ce dossier soit bouclé, et que les commanditaires et les complices de cette disparition soient connus du peuple. Mais force est de constater aujourd’hui que le gouvernement de la Rupture n’a pu faire mieux que celui de Boni Yayi. Certes, le dossier a été réouvert en août 2018 lors d’une session supplémentaire de la Cour d’assise de Cotonou. Mais, comme sous le régime Yayi, le procès n’est pas allé à son terme. Le principal suspect Codjo Alofa a fait volte-face. Il est revenu sur ses déclarations de 2015, affirmant n’être mêlé ni de près ni de loin à la disparition de Pierre Urbain Dangnivo. Le procès a donc été suspendu à nouveau et depuis plus personne n’en parle. Encore moins ceux qui, au temps du régime Yayi, en avaient fait leur fonds de commerce. Ils sont aujourd’hui, pour la plupart, au cœur du pouvoir, mais cela n’a pas fait évoluer outre mesure le dossier. Trois ans après l’avènement du régime de la Rupture, on en sait pas plus qu’hier sur la disparition de ce cadre. L’avocat de la famille, devenu Garde des sceaux est aujourd’hui le président de la Cour constitutionnelle. Peu avant la réouverture du procès, l’ancien ministre de la justice au moment des faits Grégoire Akoffodji avait évoqué la disparition des pièces essentielles du dossier. Est-ce la cause ? Toujours est-il qu’à l’instar de plusieurs autres scandales sous le régime Boni Yayi tel que l’affaire du siège de l’Assemblée nationale, l’affaire Maria-Gléta, l’affaire Cen-Sad et autres, on en sait pas plus sur l’affaire Dangnivo, trois ans après que la Rupture se soit installée. Dangnivo est-il vraiment mort ? Le corps de Womey est-il vraiment lui ? Où est passé son véhicule ?…..Bien de questions restent toujours sans réponse.
M.M