Avis aux auteurs de divers actes inciviques. A tout moment, le couperet de la préfecture peut s’abattre sur leurs têtes. Après Modeste Toboula qui s’est illustré dans les opérations de libération des espaces publics, c’est au tour de son successeur de prendre le relai. Par un communiqué en date du 14 août dernier, Jean-Claude Codjia, préfet intérimaire du Littoral manifeste son intention de sévir en rabattant le caquet à tous les citoyens qui s’illustrent dans l’incivisme sous toutes ses formes. Bien qu’elle ait été décriée parce que conduite sans discernement, l’opération de libération des espaces publics a quand même engendré des résultats positifs. Deux ans après, les mauvaises habitudes ont entièrement repris le dessus. A part quelques endroits qui témoignent du passage des bulldozers, la plupart des sites qui ont fait l’objet de cette opération sont à nouveau occupés, au nez et à la barbe des autorités, comme si de rien n’était. Cela a suffi pour que Jean-Claude Codjia dégaine. « …il m’a été donné de constater, que dans la ville de Cotonou, notre vitrine nationale, les vieilles et déplorables habitudes d’incivisme notoire, combattues et réprimées naguère telles que l’occupation anarchique des espaces publics passants ou non, aux fins d’activités de toutes sortes, les stationnements anarchiques de véhicules de tous gabarits, l’insalubrité recrudescente sur les lieux publics, la vente à la sauvette, la vente informelle des produits pétroliers aux abords des artères nobles, ont malheureusement repris droit de cité… ». Ce communiqué qui a valeur de rappel à l’ordre se veut sans ambages… « … aussi, sont-elles reprises, les opérations musclées de remise en ordre qui s’imposent afin que force reste à la loi… ».
Taper le serpent et non le feuillage
Au risque même en cas d’une nouvelle opération de répression de devoir entonner le même refrain d’ici quelque temps, il serait bienséant que ce problème persistant soit appréhendé dans sa globalité afin que les approches de solution subséquentes soient apportées. Sans quoi, ce serait un éternel recommencement. C’est un fait que les Béninois sont champions dans la promotion des actes d’incivisme. Néanmoins, toute autorité publique, avant d’engager une action de répression d’envergure, devrait s’assurer de finir avec le problème identifié une fois pour de bon. Pourquoi les abords des rues sont-ils pris d’assaut au point de devenir des centres commerciaux ? A Cotonou notamment, les marchés sont exigus. Pis, l’accès aux places pour y exposer des marchandises n’est pas réservé à toutes les bourses. Même si les places publiques sont très peu nombreuses dans la ville, la préfecture pourrait en intelligence avec la mairie, aménager quelques unes dans les quartiers avec des tarifs préférentiels. Ainsi, les occupants seraient des commerçants préalablement identifiés dont les étalages débordants perturbent le passage des piétons. Concomitamment à cette action qui ne suffira pas pour caser tous les commerçants installés aux abords des voies, les propriétaires d’immeubles abritant des boutiques ou dont la devanture sert de marchés de circonstance recensés en amont pourraient être invités à revoir les aménagements selon un plan bien précis. En procédant ainsi, les constructions à usage commercial dans les quartiers devront non seulement respecter des normes techniques connues de tous mais en sus, elles ne sauraient dépasser une certaine limite. Les sanctions appropriées infligées à qui de droit suffiraient à décourager les récalcitrants.
Des mesures dissuasives d’occupation anarchique
Les services du fisc et les agents collecteurs des collectivités locales qui passent leurs journées à sillonner les divers étalages érigés aux abords des voies sont censés nourrir le renseignement. Après la libération des trottoirs, les récidivistes ne manqueront pas d’être identifiés par les agents chargés de recouvrer les impôts, droits et taxes. Le devoir de ceux-ci est de remonter l’information afin que des sanctions vénales soient infligées aux contrevenants. Des numéros verts fonctionnels mis à la disposition du public suffiront également pour dénoncer en vue de la sanction après vérification. Une solution moins contraignante pour les gouvernants serait de libérer les espaces publics, de les aménager et embellir illico presto afin de décourager à jamais tout occupant. Quant aux terre-pleins centraux et aux trottoirs utilisés comme aires de stationnement, il faudrait à cet égard, faire preuve de souplesse. Construite sens dessus dessous, la ville de Cotonou n’offre presque pas de parking pour les propriétaires de véhicules. Hormis quelques immeubles et centres socio-éducatifs qui en possèdent, la plupart du temps, chacun se gare comme il peut, le temps d’une course. Comment peut-on punir les citoyens dans ces conditions alors qu’on est conscient du fait que cette défaillance est imputable aux pouvoirs publics ?
C’est bien beau de sortir les muscles pour discipliner les béninois. Certes, ces derniers en ont grand besoin. Mais il faut relativiser. Le préfet fait bien de s’attacher à la promotion de l’ordre public. Dans le même temps, il ne faut pas réprimer pour la forme. Au-delà, il est de bon ton que les bonnes solutions soient recherchées et appliquées. Une chose est sûre, tous les citoyens ne sont pas de mauvaise foi.