(Retour sur le récent communiqué de la Conférence épiscopale)
Que devient ou que deviendrait la médiation du Clergé au sujet de la crise politique née des législatives auxquelles seuls les deux partis progouvernementaux ont été autorisés à participer, le 28 avril 2019 ? Cette question, beaucoup d’analystes et observateurs de la vie socio politique se la sont posé quand le chef de l’Etat, Patrice Talon a pris le devant des choses, dans le cadre du dialogue politique, en invitant au Palais de la République tous les partis politiques qui n’avaient toujours pas pu obtenir du ministère de l’intérieur leur certificat de conformité devant consacrer leur existence légale. Après cette rencontre qui s’est tenue le 15 juillet, on en sait maintenant, un peu plus, sur la médiation que conduit le Clergé béninois sur sa propre initiative. En effet, à la suite d’une information diffusée mercredi 21 août dernier sur Radio France internationale (Rfi), faisant état de ce que les hommes de l’Eglise catholique ont suspendu leur médiation entamée début juin, ceux-ci ont y apporté un démenti formel puis clarifié. Dans un communiqué rendu public le même jour, la Conférence épiscopale du Bénin « déclare n’avoir fait ces jours-ci, aucune communication au sujet de sa mission de médiation toujours en cours selon la disponibilité des uns et des autres ». Il convient donc de retenir que le Clergé n’a nullement suspendu ses bons offices dans la résolution de la crise politique que traverse le Bénin. Ils se poursuivent donc. Seulement, ce que le Clergé ou du moins la Conférence épiscopale n’a pas mentionné dans son communiqué du 21 août, c’est le sort réservé à ses deux demandes d’audience qu’elle aurait adressées, courant juillet, au président de la République et qui seraient restées sans suite jusque-là. Qu’en est-il concrètement ? Les deux demandes successives sont-elles effectivement dans les couloirs de la présidence ? Est-ce pour le confirmer que le communiqué parle de « selon la disponibilité des uns et des autres » ? Cette question mérite d’être posée quand on sait que les premières semaines de cette médiation, le Clergé a déjà rencontré la plupart des figures de proue, et de la Mouvance (Bloc Républicain et Union progressiste) et de l’Opposition, et même de la société civile. Il ne reste visiblement donc que le chef de l’Exécutif, celui-là même qui conduit la destinée du pays. Lorsque le Clergé en vient à signifier dans son communiqué qu’il poursuit la mission qu’il s’est lui-même confiée « en fonction des agendas des uns et des autres », à quand doit-on espérer alors la fin de ladite médiation ? Autrement dit, quand est-ce que le collège d’hommes de Dieu déposera son rapport ou publiera ses recommandations à l’endroit des protagonistes de la crise ? Vu que tout ceci reste presque tributaire de la disponibilité du premier des Béninois à les recevoir, cette médiation ne devient-elle pas hypothétique ? Si Patrice Talon n’est disposé à échanger avec le Clergé que l’an prochain, la médiation du Clergé serait-elle toujours dans l’espérance ? Au-delà de ce que beaucoup de Béninois continuent de s’interroger sur le sort que chaque camp réserverait aux éventuelles conclusions de cette médiation, jusqu’à quand pourra encore patienter les « médiateurs catholiques » s’agissant des audiences qu’ils espèrent décrocher dans le cadre de leur mission de médiation « toujours en cours », selon eux ? Autant de préoccupations…
JB