L’affaire a commencé quand le pouvoir de la Rupture a annoncé son intention de transformer la Résidence « Les Filaos », où a vécu pendant 50 ans l’ancien président Mathieu…

Affaire Résidence « Les Filaos » : Ils doivent rompre le silence

Affaire Résidence « Les Filaos » : Ils doivent rompre le silence

L’affaire a commencé quand le pouvoir de la Rupture a annoncé son intention de transformer la Résidence « Les Filaos », où a vécu pendant 50 ans l’ancien président Mathieu Kérékou, en un jardin public dénommé « Les jardins de Mathieu », en hommage à l’homme du 26 octobre 1972. Bien entendu, le projet a rencontré la résistance de la famille Kérékou qui aurait voulu, qu’en lieu et place d’un jardin public, la résidence soit transformée en musée pour honorer la mémoire de l’illustre homme. On en était là quand hier, l’affaire a pris une autre tournure avec la militarisation du domicile de l’ancien chef d’Etat aux fins de démolir les bâtisses et commencer ainsi les travaux devant aboutir à la transformation du site en jardin, avec érection d’un monument aux morts. C’est l’indignation totale. Entre ceux qui trouvent dans ce geste une manière de « salir » la mémoire de l’homme qui a fait 27 ans au pouvoir et ceux qui pensent que l’Etat est en droit d’entrer en possession de son patrimoine, des voix s’élèvent. Mais la question primordiale qui reste posée, c’est de savoir si le Général Mathieu Kérékou a fini par acheter ledit domaine ?

 

Dans une lettre attribuée à Moise Kérékou qui circule sur la toile, Marguerite Kérékou aurait affirmé que dans les années 2000, l’ancien président aurait fait un dépôt d’une somme de 3 milliards FCFA au trésor public. Elle demandait alors à Moise Kérékou de vérifier si ce n’était pas dans le cadre de l’achat dudit domaine. Cette thèse a été soutenue par Denis Hodonou, un proche du général Kérékou. Se prononçant sur cette affaire, Denis Hodonou a publié une opinion dans laquelle il faisait savoir que l’Etat avait pris en son temps la décision de vendre le domicile à Mathieu Kérékou. Celui-ci aurait entrepris toutes les démarches administratives dans ce sens. Selon lui, les documents existent et le président Séfou Fagbohoun en aurait copie, puisque c’est lui qui aurait été chargé de la mutation du titre foncier. Alors, le domaine est-il oui ou non une propriété de Mathieu Kérékou ?

 

A ce jour, ce qui est une évidence, la famille Kérékou ne dispose d’aucun document pour attester le fait. Certes, l’absence de document officiel d’achat ne prouve pas forcément que l’ancien président n’a effectué aucune transaction dans le sens de l’acquisition du domaine. Et c’est justement là où le témoignage des proches amis de l’ancien chef d’Etat peut aider la justice à voir clair dans ce dossier.

 

Outre la famille du Général, ils sont un certain nombre à avoir le privilège de faire partie du cercle restreint des amis de l’homme de la révolution populaire. Pierre Osho, Ali Houdou, Patrice Hounsou-Guèdè, Denis Hodonou, Séfou Fagbohou, Ousmane Batoko, Ben Toko et plus récemment Issa Salifou et Christian Lagnidé, la liste n’est pas exhaustive. Ils pourraient être les seuls à pouvoir démêler l’écheveau. Compte tenu de leur proximité avec l’ancien chef d’Etat, ils doivent savoir si oui ou non le domaine a été acquis et à quel niveau se trouvent les documents qui l’attestent.

 

Curieusement, depuis le début de cette affaire, ils se sont réfugiés dans un silence total. Est-ce la peur de subir le courroux du chef d’Etat ? De toute évidence, avec la militarisation du domicile, en prélude à sa démolition, ces Amis de Mathieu Kérékou n’ont plus le droit de se taire. Car, il s’agit à présent de la mémoire de l’homme pour qui ils ont une profonde admiration. C’est aussi un personnage emblématique de l’histoire politique du Bénin. « Ni ange, ni démon », disait l’autre pour témoigner le fait qu’il était assurément le plus grand homme d’Etat du Bénin post colonial. Si réellement Ali Houdou, Patrice Hounsou-Guèdè, Pierre Osho et autres ont une profonde admiration pour le Général, c’est le moment d’honorer sa mémoire en venant dire leur part de vérité dans cette affaire.

 

M.M