En séjour au Bénin dans le cadre des huitièmes journées internationales de la microfinance, Michel Lelart, président de l’Association internationale des chercheurs francophones en microfinance (Aicfm) apporte des clarifications sur son fonctionnement. Dans cet entretien, l’enseignant-chercheur précise que généralement, cet appui destiné aux personnes vulnérables ou démunies peut être dévoyé.
La Nation : A quoi sert la microfinance ?
Michel Lelart : La microfinance, c’est du microcrédit accordé aux personnes qui n’ont pas beaucoup de moyens et qui ne peuvent pas offrir de garanties avec lesquelles on espère qu’elles peuvent commencer à exercer l’activité et gagner un peu plus d’argent. C’est aussi des facilités pour transférer l’argent du compte d’une banque et puis essayer d’assurer d’une façon ou d’une autre les personnes qui n’ont pas beaucoup de ressources et qui ne peuvent pas le faire elles-mêmes. Cette microfinance s’est beaucoup développée depuis une vingtaine d’années à peu près. On espère qu’elle permettra de réduire la pauvreté. C’est la grande idée maintenant.
Les innovations de la microfinance, que comprendre par cette terminologie ?
Les innovations de la microfinance concernent les différents mouvements relatifs à la microfinance. Ce qui bouge dans sa fonctionnalité. Nous assistons aux transferts d’argent avec la monnaie. Autrefois, c’est uniquement les banques et les institutions de Western Union qui le faisaient. Maintenant, les institutions de microfinance participent à ce mouvement et profitent de ces changements technologiques pour faciliter les transferts de fonds. Vous savez que maintenant on peut avoir un compte en banque en dehors de la banque, avec un opérateur de téléphonie mobile. Les institutions de microfinance peuvent, elles aussi faciliter les transactions, les transferts d’argent à l’intérieur du pays ou à l’étranger. Les chercheurs travaillent donc sur ces différents mouvements, étudient si cela va dans le bon sens ou pas ou s’il faut appuyer ces changements ou inviter les populations à faire attention. Par exemple, est-ce qu’on ne va pas réglementer, ou s’il faut laisser faire indéfiniment dans les irrégularités.
Est-ce que les microcrédits réduisent effectivement la pauvreté ?
Vous savez que parfois, il y a des institutions qui, au lieu de prêter à de petites gens pour qu’elles gagnent de l’argent, orientent vers des activités beaucoup plus modernes, celles des grandes entreprises qui n’en ont pas forcément besoin. Et par conséquent la microfinance, quelquefois, peut être dévoyée. Ce n’est pas toujours qu’elle permet de réduire la pauvreté.