Est-il encore possible que le président Patrice Talon et son prédécesseur Yayi Boni se serrent les mains dans un cadre formel après la rencontre manquée du 20 novembre 2019? Difficile de le dire quand on sait que depuis plus d’une semaine, l’ex chef de l’État, entre temps absent du territoire national, est de retour et a même reçu ses lieutenants des Forces cauris pour un Bénin émergent (Fcbe), habités par le virus de la division. Même si nombre de citoyens béninois appellent de tous leurs vœux cette rencontre des deux personnalités qui, selon eux, contribuerait à la décrispation du climat politique, il faut avouer qu’elle ne pourra pas être obtenue aussi facilement. Patrice Talon a beau souhaité recevoir devant caméras et micros son prédécesseur, mais il y a des contingences qui pourraient être un obstacle à la concrétisation de ce souhait. D’un côté, Yayi Boni devra écouter les conseils de ses partisans Fcbe qui ne parlent plus le même langage quant à la gouvernance Talon, mais aussi les conseils de ses alliés de la ” Résistance ”. Sur ce dernier cas, deux tendances pourraient se dégager. Des observateurs et analystes de la chose politique estiment même que c’est tout cela qui a dû jouer pour que la rencontre du 20 novembre au Palais de la République, n’ait plus eu lieu. Patrice Talon doit-il envisager désormais la piste du Tofa 2020 (art divinatoire) qui recommande que la médiation soit confiée à une femme pour un succès éclatant ? On attend de voir ce qui sera concrètement fait de part et d’autre pour qu’éventuellement cette accolade soit une réalité. Il faut rappeler que Yayi Boni et son successeur Patrice Talon devraient se voir officiellement, pour la première fois depuis 2016, après la passation des charges présidentielles, la rencontre historique d’Abidjan et celle du 1er août à la place de l’étoile rouge à Cotonou. Malheureusement pour ceux qui l’attendaient, ce tête-à-tête annoncé à grand renfort médiatique et qui devrait se tenir dans un contexte particulier, n’a plus eu lieu. Yayi Boni qui s’était rendu à Cotonou à bord du même vol de l’État Nigérian qu’une délégation de la Cedeao, est reparti dans la soirée du même jour après un bain de foule de l’aéroport à sa résidence. Selon des sources suffisamment renseignées, il a vécu au Nigeria depuis qu’il a quitté Cotonou, alité, après plus de 50 jours d’assignation à résidence suite à la révolte des populations qui protestaient les 1er et 2 mai 2019 contre les élections législatives non inclusives organisées sous Talon, fin avril.
Worou BORO