Attendues depuis des années, les opérations de libération des berges du Lac Nokoué à Cotonou ont démarré. Sous le regard des usagers du marché de Dantokpa et en présence des forces de sécurité, plusieurs hangars ont été détruits ce mardi, sur une longue distance.
Sur le pont, une masse humaine obstrue la circulation. Accrochés de part et d’autre des garde-fous, les usagers suivent de près les opérations de libération des berges qui se déroulent en bas. Du haut, les commentaires fusent de toute part. « Talon ne fait que casser les choses », lâche quelqu’un dans la foule. Puis, un autre de riposter, « mais s’il le fait, c’est pour le bien de tous. C’est ce qui est bien chez lui ». Le débat ne pourra pas se tenir en ces lieux où chacun se force de se frayer un passage. La vue de loin d’un véhicule de police qui s’amène vers le pont, créé la débandade.
Mais avant, une vue panoramique du pont permet d’apprécier le déroulement des opérations. A l’œuvre, un bulldozer rase tout sur son passage. Dans le vent glacial, la machine bourdonne, élève sa pelle et détruit les bâtisses érigées aux abords de la berge. Les hangards s’effacent, les constructions en tôles s’écroulent.
« Nous ne sommes pas surprises… »
Cependant, les usagers tenus à distance par la Police Républicaine et Municipale ne semblent pas protester. « Nous avons été prévenus depuis septembre. Il y a eu des sensibilisations. Même au lendemain de Noël, le 26 ou le 28 décembre 2019, la responsable du marché a encore averti les gens. En tout cas, nous qui sommes vendeuses de poissons et de crevettes ici, nous ne sommes pas surprises. On ne peut pas dire non plus que nous avons enregistré des pertes », confie Marie Padonou, déléguée des vendeuses de crevettes.
Celle-ci est soulagée, un tant soit peu, avec les accompagnements qui suivent cette opération. « On nous a trouvé une place. Ce n’est pas sûr que ça puisse suffire à accueillir tout le monde. Ce n’est pas grand », ajoute Marie Padonou. La veille, c’est le lundi dernier, au cours d’une descente sur le terrain, le Directeur Général de la Société de Gestion des Marchés (Sogema) avait rassuré que des mesures d’accompagnement sont prises.
« On n’aurait rien fait… »
Dans un reportage publié mi-décembre par Fraternité, on note un état d’insalubrité notoire sur ces lieux. « Sous le pont, les déchets étalent leur siège. Ils pleuvent de partout, après les nettoyages des lieux par les usagers. La présence d’une pancarte de la Société de Gestion des Marchés (Sogema) pour interdire le jet de déchets en ces lieux n’inquiète guere », note-t-on dans l’article. Ici, les usagers du marché approuvent l’opération mais restent perplexes sur la suite. « On n’aurait rien fait si les déchets vont continuer à être jetés sur la berge. Notre souhait est que l’espace soit aménagé un peu comme les travaux en cours derrière l’Hôpital Lagune », note Marie Padonou. Plus loin des conducteurs de véhicules rencontrés espèrent que la berge soit aménagée dans un bref délai avant d’ajouter qu’ils attendent que le parking de Dantokpa dégagé il y a deux ans, le soit autant.
Rebecca KINDO (Coll.)