Dans un post sur sa page Facebook, l’ancien ministre Ganiou Soglo s’est intéressé aux emprunts que contracte le gouvernement de la Rupture depuis son avènement en 2016. Même s’il n’a…

Emprunts contractés depuis 2016: Les questions de Ganiou Soglo à Wadagni

Emprunts contractés depuis 2016: Les questions de Ganiou Soglo à Wadagni

Dans un post sur sa page Facebook, l’ancien ministre Ganiou Soglo s’est intéressé aux emprunts que contracte le gouvernement de la Rupture depuis son avènement en 2016. Même s’il n’a pas remis en cause ce modèle de financement du développement, il s’est posé des questions sur la destination des fonds et la pertinence du choix des secteurs impactés. Des questions qui sont adressées à qui de droit…

 

Lire l’intégralité de ses observations

 Il faut que je vous dise…

Aujourd’hui, je souhaite vous entretenir de la question des emprunts contractés par le gouvernement depuis son avènement en 2016.

Je vais essayer d’être le plus simple possible afin que ces questions économiques soient à la portée de tous.

Je fais partie de ces personnes qui pensent que la dette monétaire d’un pays doit aider à la croissance et ainsi à son développement.

Je suis préoccupé par le rythme accéléré des emprunts que notre pays contracte depuis l’avènement de la nouvelle équipe gouvernementale en 2016. En effet, l’État y a recours systématiquement mais n’oublions pas, qui dit Emprunt suppose Remboursement.

Qui va rembourser ces emprunts ?

Le volume de cette dette en constante progression est dirigé vers quel secteur de notre économie? Bien malin qui pourrait répondre de façon précise à cette question!!!

Comparaison n’est pas raison, je vous l’accorde. Les pays européens ont pu recouvrer leur dignité nationale grâce à des emprunts massifs au sortir de la deuxième guerre mondiale. Ces emprunts ont pu accélérer la reconstruction nationale, le redéploiement industriel et favoriser l’essor d’une politique agricole moderne. Cette politique a conduit à ce qui à été appelé les trente glorieuses. Une période caractérisée par une forte croissance économique et une hausse conséquente de la consommation des pays occidentaux et du japon.

Il nous faut intégrer que les emprunts sur les marchés financiers ne doivent pas servir à payer les salaires, les encours des dettes ou à financer l’asphaltage dans les quartiers les plus huppés de Cotonou. Je m’explique, les emprunts sur les marchés financiers comme ceux dont le Bénin a bénéficié dernièrement servent plutôt à l’implantation voire l’amélioration de secteurs clés indispensables pour le développement économique d’un pays.

Il s’agit d’un sacrifice consenti pour asseoir une vision volontaire de développement.

Illustrons de façon un peu triviale notre propos; aujourd’hui les cocotiers et environs sont transformés, les beaux quartiers de Cotonou sont encore plus attrayants. Les parcelles et maisons y ont pris de la valeur, c’est un plus pour les habitants de ces endroits. Mais dites-moi, pour les autres béninois? Par exemple, le paysan qui habite la bourgade de Boukoumbé ? Bénéficient-ils de ces améliorations? Bitumage ! Oh pardon c’est l’asphaltage le nouveau mot à la mode.

Par contre, le financement d’une desserte qui permettrait le désenclavement des zones de Toffo ou Zè  afin que les productrices d’ananas puissent  avoir accès aux marchés, oui cela nous parle. Le bitumage d’une route secondaire autour d’Akosombo à Cotonou pour désengorger cette partie de la capitale qui est un calvaire aux heures de pointe, oui cela nous parle.

Ces multiples emprunts ne devraient-ils pas servir à réduire les problèmes liés à l’énergie dans notre pays ? Si nous sommes dans une vision générale de développement, un investissement massif dans le secteur de l’énergie aurait été noté et donc les situations de délestage seraient oubliées. À ce moment-là, le peuple aura compris à quoi sert cette accumulation de dettes.

Nous ne pouvons pas occulter ce débat car c’est «NOUS» qui payons l’addition. Mais nous le payons déjà par l’augmentation des factures d’eau et d’électricité. Par l’augmentation des patentes, des transports et multiple taxes.

N’oublions pas que la crise vécue par les pays africains dans les années 80 a été en partie due au non remboursement du service de la dette qui était attaché à des taux d’intérêt volatile et qui a vu s’envoler le volume global de la dette.

Aujourd’hui, les emprunts que nous faisons sur les marchés obligataires sont des prêts non concessionnels à moyen terme en devises fortes. Leur remboursement dans quelques années sera au prix fort avec la remontée probable des taux d’intérêts. Il nous faut anticiper les chutes boursières et la baisse du cours du pétrole qui annoncent le début d’une récession économique, conséquence de la catastrophe sanitaire engendrée par la pandémie du virus Covid 19.

Fort de ces constats, une question revient.

Pouvons-nous au 21ème  siècle acceptez de nos gouvernants des réflexes qui appartiennent et obéissent à d’autres époques ?

Ces temps sont révolus. Notre jeunesse est aujourd’hui au fait des enjeux liés à son bien-être et à celui de son continent. Elle est consciente de ses droits, de ses devoirs, de ses obligations de citoyen. Les responsabilités qui lui incombent et celles qui incombent à un élu du peuple sont très clairs aujourd’hui.

Nous devons garder notre droit à participer à la prise de décision pour ce qui touche aux besoins, à la protection et au mieux-être de la cité.

Nous devons garder notre droit à la parole chèrement acquise.

Aller sur les marchés financiers oui ! Emprunter plus de 80 milliards pourquoi pas !

Mais nous devons savoir à quelle fin.

Qu’en pensez-vous ?

Excellente semaine à tous, surtout lavez-vous les mains.