La pandémie du coronavirus qui donne le tournis à tout le monde depuis quelques semaines ne semble nullement inquiéter les autorités sanitaires dans le département du Zou. Pour connaitre les dispositions prises à cet effet, nous sommes descendus dans le plus grand hôpital à Abomey. Et le constat n’est pas rassurant.
Situé à l’entrée de la ville d’Abomey, en cette matinée du jeudi 19 mars, les rayons solaires arrosent le centre hospitalier départemental (Chd-Goho), l’un des grands centres hospitaliers du département. La chaleur difficilement supportable n’empêche pas les allers-retours des usagers. Il faut y venir se faire soigner ou porter assistance à un parent malade.
Au portail principal, les vigiles laissent entrer comme d’habitude. Rien n’a changé. Les gestes sont demeurés les mêmes. Pas de mesures particulières. Une fois à l’intérieur, pas de dispositions spécifiques. Toutefois, à l’entrée de chaque service, il est mis en place un dispositif de lavage des mains. mais celui-ci semble bien ignoré car il n’est fait obligation à qui que ce soit de s’y soumettre.
Une fois la cour traversée, l’usager est dans le grand hall qui abrite le service “Accueil” et l’administration hospitalière. Deux guichets sont ouverts et accueillent les malades pour les formalités. Ici, aucune mesure spéciale n’est prise. Les dames qui accueillent derrière le guichet ne respectent aucune des mesures préventives édictées. Elles échangent avec l’usager ou même le malade à 30 centimètres à peine.
Sur la cour intérieure bien aménagée avec un jardin visiblement bien entretenu, un groupe de six jeunes gens venus rendre visite à un parent malade est en pourparlers. Sans aucune précaution, ils font le procès d’un des leurs qui aurait disposé de l’argent à lui remis pour l’achat de médicaments au profit du malade. Bien qu’obstruant ainsi le passage, difficilement le groupe laisse passer les autres usagers et même le personnel soignant en mouvement.
A l’entrée du service Chirurgie, il a été installé un dispositif de lavage des mains. Mais personne n’y fait attention en réalité. Dans ce bâtiment, les salles d’hospitalisation sont à l’ancienne. Dans chaque salle sont disposés six lits superposés. Dans les trois premières salles, tous les lits sont occupés et les garde-malades sont couchés à même le sol. Il ne faut surtout par leur parler de la pandémie qui sévit depuis quelques semaines. Ils s’en soucient à peine. A voir l’atmosphère qui y règne, ces personnes ne se sentent pas encore concernés ou feignent de l’ignorer. Et même le personnel soignant qui passe ne dit rien à propos.
-Un peu plus loin, au service abritant les urgences, “Chirurgie-Radiologie-Stomatologie”, une dizaine de malades devant être pris en charge attendent assis sur les bancs. En face d’eux, deux dames sont couchées à même le sol. Elles ont juste, chacune, étendu dans l’allée son second pagne. Le personnel soignant fait ses va-et-vient habituels. Ici comme dans les autres services, c’est à croire qu’on n’est pas vraiment concerné par la menace de coronavirus.
Les responsables inaccessibles
A la pharmacie où les produits sont servis comme au laboratoire chargé des analyses, le personnel fonctionne sans aucune précaution particulière. Le contact avec le public se fait sans aucune autre forme de protection contre le mal qui sévit actuellement. Seule nouveauté, le dispositif de lavage des mains posé à l’entrée des services mais qui est bien ignoré pour tous. Personne n’y prête la moindre attention.
Même constat au niveau de l’administration de l’hôpital. Présent pourtant dans son bureau, le directeur du Chd-Goho, Daruis Gounflé ne reçoit pas. Vaines sont restées toutes nos tentatives pour le rencontrer et s’enquérir des dispositions prises au sein du centre pour faire face à la pandémie.