20 ans de réclusion criminelle et 500 millions F Cfa d’amende ferme contre l’ex ministre d’Etat Komi Koutché. Confiscation au profit de l’Etat béninois de tous les avoirs en banque de Komi Koutché. Il s’agit en l’occurrence d’un montant de 15 millions FCFA à Boa-Bénin et à Bsic et d’un dépôt à terme de 90 millions FCFA dans les livres de la Bibe Finance et Security. Saisie des biens immobiliers de Komi Koutché, au nombre de 13 sis à Cotonou, Abomey-Calavi et Bantè. Les produits issus de la réalisation de ses biens immeubles seront versés au Trésor public. Komi Koutché, Babanonla Edénakpo, Yves Koundé et les six structures de microfinance sont condamnés à payer solidairement à l’Etat béninois, partie civile, représenté à la barre par l’Agent judiciaire du Trésor (Ajt) près de 21 milliards FCFA à titre de dommages-intérêts. Et ce n’est pas tout. La cour décerne en outre un mandat d’arrêt contre l’ancien directeur général du Fnm.
Tel se présente le verdict prononcé, samedi 04 avril 2020, par la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (Criet) à l’encontre de l’ancien ministre des finances de Boni Yayi. Le verdict continue de susciter beaucoup d’interrogations, même si on s’y attendait quelque peu, vu tout ce qui a précédé la convocation surprise de cette session, l’aller retour suspect entre la Criet et la Cour suprême, la programmation du dossier par le procureur spécial alors que la Cour suprême n’avait pas encore rendu son verdict, etc. Comment comprendre que la Criet ait eu la main si lourde alors que dans le même temps, les chefs d’accusation d’enrichissement illicite, de blanchiment de capitaux et de corruption dans les passations des marchés publics mis à la charge de l’ancien ministre ont été levées. Est-ce seuls les faits de détournement de deniers publics et d’abus de fonctions qui méritent que Komi Koutché soit dépouillé de tout, pour être en plus condamné à 20 ans de prison ? Malgré la situation liée au coronavirus qui fait que la plupart des aéroports sont fermés, Komi Koutché a montré sa bonne foi en déposant, par le biais de son avocat, Me Théodore Zinflou, une correspondance pour s’excuser de son absence à la barre. Mais le président de la Cour Me Cyriaque Dossa a simplement jugé illégitime une telle correspondance. En somme, qu’il vienne ou qu’il ne vienne pas, le sort de Komi Koutché semble déjà scellé, peu importe le refus d’extradition de la justice espagnole et l’ordonnance de la Cadhp concernant l’annulation de son passeport. Ainsi à l’instar de Sébastien Ajavon et de Lionel Zinsou, Komi Koutché rejoint la liste des opposants en exil, potentiels candidats à la présidentielle de 2021, condamnés par la justice de leur pays.
M.M