(« … jusqu’à hier, … des redressements fiscaux », déplore la Coneb)
Les mesures restrictives prises contre le Corona virus au plan mondial et par les gouvernements de chaque pays impactent drastiquement les secteurs d’activités économiques. Au Bénin, les entreprises ressentent le choc. Tourisme, hôtellerie, transport,… bref, les Petites et moyennes entreprises ou industries qui trainent un lourd fardeau, n’en peuvent presque plus. Certaines d’entre elles sont même menacées de disparaître, avec des employés à la porte, si l’Etat central ne fait rien. Des mesures d’accompagnement sont plus qu’un impératif. Face à ce triste tableau, le président de la Confédération nationale des employeurs du Bénin(Coneb) est allé plaider hier, mercredi, sur « Actu Matin » de la télévision privée Canal 3-Bénin. Albin Fêliho a profité pour déplorer les redressements fiscaux qui continuent d’assommer les entreprises, malgré le contexte difficile qu’elles traversent. Lire l’intégralité de son entretien et certains points du Mémorandum dressé en vue permettre au secteur privé de faire face efficacement à la crise.
Quelle est votre réaction par rapport aux plaintes des chefs d’entreprises à cette crise sanitaire qui est devenue une crise économique. Pourquoi avoir gardé le silence face aux plaintes des chefs d’entreprises que vous défendez ?
En réalité, on n’a pas gardé le silence. Nous avons même travaillé avec l’une des plus puissantes Fédérations de la Confédération nationale des employeurs du Bénin, qui s’appelle la Fopaht. Avec la Fopat, on a même travaillé à soumettre au gouvernement, par le biais du ministre d’État en charge du plan, un mémorandum. Ce mémorandum est aujourd’hui sur la table du gouvernement et constitue une contribution à la réflexion de ce que l’administration elle-même réfléchit sur la façon dont elle va accompagner les entreprises de façon générale.
Mais, vous n’avez pas communiqué autour ?
Je suis heureux que vous m’ayez invité ce matin. Je ne sais pas violé les studios
Face aux plaintes et lamentations des opérateurs économiques frappés par cette crise qui a de lourdes conséquences sur leur activité…dites-nous, vous qui avez une confédération nationale des employeurs du Bénin, qu’est-ce que vous attendez du gouvernement ou de l’État central face à cette pandémie qui oblige les entreprises que vous représentez à faire beaucoup de modifications ?
L’État central, comme vous l’avez même ajouté, a pour vocation d’accompagner ses membres, en tout cas, ceux qui sont constitutifs de la population. Nous avons pensé que l’État, hormis les entreprises qui n’ont pas eu de gros effets négatifs par le biais de covid-19, eh bien elles ont déjà mobilisé beaucoup d’argent, je crois, de l’ordre de 257 millions, donc de fortes contributions. A côté de ça, nous avons des sources de financement qui sont de 3 ordres. L’État béninois est membre des institutions de Bretton Woods, le Fmi, la Banque mondiale qui ont déjà fait des annonces fortes d’aide, à pratiquement tous les États. Vous avez la deuxième catégorie de sources de financement, celle de nos banques centrales appuyées par d’autres banques de développement telles que la Bad, la Bidc, qui elles-mêmes ont annoncé des contributions importantes, et en troisième, vous avez les partenaires techniques et financiers tels que l’Union européenne qui a d’ailleurs fait déjà un don au Bénin d’une valeur de plus de 20 milliards FCfa. Mais au-delà de tout cela, sur le plan panafricain, il serait heureux et très intéressant, que les chefs d’État décrètent une fois de bon l’état d’urgence, ce qui permet d’avoir un cadre juridique pour négocier avec tous les partenaires techniques et financiers avec qui nous sommes. Même les chefs d’État peuvent déjà commencer par réclamer l’annulation de leurs dettes parce que nous sommes dans une situation de crise profonde.
Le secteur privé porte aujourd’hui un mémorandum, vous l’avez rappelé et qui contient beaucoup de mesures de mitigation, proposées par les chefs d’entreprises notamment ceux de l’hôtellerie et du tourisme. De façon concrète, qu’est-ce que vous avez mis dans ce mémorandum et que vous souhaitez avoir ?
Vous voyez, il y a des situations de cas de force majeure. Nous y sommes en plein. Par rapport à cela, l’État, pour arrêter la propagation de ce virus, a pris des mesures. Ces mesures impactent directement des entreprises. Ces entreprises sont en droit de solliciter auprès du gouvernement, des mesures d’accompagnement et de compensation. Quand vous avez un restaurant, qui a l’habitude d’avoir 40 couverts et du fait du respect des mesures de distanciation de 1m, lui demande de passer de 40 couverts à 10 couverts…, c’est difficile lorsque le gouvernement interdit à bon droit, des regroupements de plus de 10 personnes, vous voyez que cela constitue des séances de concertation d’événements, de conférence, de dîner, qui deviennent quasi impossibles. Ce n’est pas du fait de l’entrepreneur qui d’ailleurs, n’était pas si tant préparé. Mais je dois avouer que la capacité de résilience des entreprises m’a un peu impressionné. Enfin, les éléments sur lesquels nous voulons insister, c’est d’abord sur le plan fiscal. Je regrette, mais jusqu’à hier on continue de recevoir des redressements fiscaux. Je crois que ce n’est pas tout à fait à l’honneur de l’administration fiscale, dans ces moments, de continuer à travailler dans ce sens.
Mais que voulez-vous lorsque qu’on sait que notre pays n’a pas assez de ressources, l’Etat doit quand-même fonctionner, comment vous pensez-vous que l’Etat pourrait systématiquement suspendre les obligations fiscales que vous avez ?
Je crois que vous avez compris. Il ne faut pas tuer la poule aux œufs d’or. Les entreprises contribuent à la richesse, elles sont dans une situation d’incapacité totale. Si on n’y injecte pas de l’intrant pour la faire revivre, le pire que nous craignons pourrait arriver et je vous ai dit qu’il y a d’autres sources de financements. Je me suis hasardé à vous en donner trois, c’est de la souveraineté de l’Etat d’accéder à ces financements…, donc nous attendons franchement du gouvernement, ce plan stratégique national qui soit mis à la disposition de tous ses partenaires, et qu’en fin de compte, il y ait un fonds que nous, nous avons appelé Covid-19 qui soit mis en place et au besoin, pour crédibiliser la gestion de ce fonds-là, que cela soit cogéré par l’administration, d’une part, et le secteur privé, d’autre part.
Dans le mémorandum vous parlez de l’exonération des impôts, taxes et charges, de sécurité sociale à toutes les entreprises touchées ou menacées par la crise, vous parlez également de la suspension, pendant la période de crise, des contrôles fiscaux et autres. Dans ce contexte, qu’est-ce que vous proposez ?
On ne refuse pas de payer quoi que ce soit. Mais, la période est tellement difficile que le fonds de commerce disparait. Donc, on peut décaler de trois mois, on peut apporter d’autres accompagnements, mais ce n’est pas sur un plateau de télévision qu’on va donner tous ces détails. Je crois que les techniciens de part et d’autre y travaillent, le gouvernement est à la tâche, nous souhaitons simplement être davantage impliqués à cette réflexion avec que les véritables bénéficiaires de ces fonds dont je parlais, c’est bien les entreprises.
Transcription
Thomas AZANMASSO