Une invraisemblable affaire de disparition de plus de 4 milliards de Fcfa a secoué la Direction générale des impôts (Dgi) du Bénin en septembre 2019 et désignait le Régisseur de cette structure étatique, comme étant le cerveau de cette évasion. Seulement, contrairement à la rigidité et le rigorisme du pouvoir de la Rupture dans d’autres scandales financiers moins embarrassants, son silence depuis plusieurs mois dans cette affaire étonne.
Il s’appelle Carlos Adohouannon. Et il occupait le poste de Régisseur à la Dgi. Son identité a fait le tour du Bénin courant octobre 2019. Ceci, lorsqu’une disparition subite de plus de 4 milliards de Fcfa a été constatée dans la caisse de cette Direction. A la suite de plusieurs perquisitions, des preuves de transactions de plus d’un milliards et 100 millions en espèce, auraient été retrouvées au domicile d’un proche de Carlos Adohouannon. Mieux, des chauffeurs de ce dernier auraient aussi reconnu avoir transporté des colis pour leur patron, mais ignoraient le contenu. Dès lors que cette affaire a été révélée au grand public, la justice a été rapidement saisie par les autorités béninoises, pour que lumière soit faite et que les uns et les autres sachent de quoi retourne ce dossier. Dans cette perspective, cadres de la Dgi et proches de cet agent du Ministère de l’économie et des finances ont été écoutés et mis sous convocation. Ainsi, la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (Criet) a été mise aux trousses des autres suspects, le supposé principal cerveau étant devenu un ovni. Vendredi 11 octobre donc, contre toute attente et contrairement à ses habitudes, cette Cour s’était déclarée incompétence dans ce dossier, en le renvoyant pour complément d’enquêtes. Mais près de neuf mois après, plus personne n’en parle. Ni les autorités étatiques ou encore la justice, ne renseignent sur la suite des enquêtes. Introuvable depuis l’éclatement de ce scandale financier, nul ne saurait se prononcer avec exactitude, sur ce que devient Carlos Adohouannon et s’il est réellement recherché. Si la Rupture pour des scandales financiers et faits de détournement moins importants s’est toujours mise en branle et a toujours mobilisé tout son arsenal pour coincer les auteurs, surtout quand il s’agit des affaires impliquant des voix critiques comme Laurent Mètognon, son silence dans ce dossier prête à confusion. Déjà qu’il s’agit de plusieurs milliards en jeu, ce manque de promptitude dans cette affaire qui constitue déjà une perte pour l’Etat, s’il devrait continuer, laissera à coup sûr une tache indélébile, sur la gestion de Patrice Talon. Car, ne pas situer et bien situer les responsabilités dans ce vol spectaculaire, consistera une responsabilité à endosser par son pouvoir. Et par ricochet, en restant en l’état, cette affaire sera prise pour bon nombre de béninois, comme un scandale financier jamais élucidé, sous le quinquennat de la Rupture.
Janvier GBEDO (Coll.)