Plus de cinq millions de Béninois ont été appelés aux urnes ce dimanche pour le scrutin communal. Parmi eux, les personnes âgées et à risque étaient moins attendues dans les centres de vote en raison de l’épidémie du coronavirus. Mais contre toute attente et alors que ces derniers jours le nombre de cas détectés ne cesse de grimper, la vertu civique semble avoir pris le pas sur la peur de contagion. Constat dans le treizième arrondissement de Cotonou.
En raison du contexte sanitaire, c’est un électeur qui pouvait légitimement craindre pour sa vie en allant voter. Monsieur Sounouvi, d’un âge canonique fait pourtant partie de l’un des tous premiers votants à accomplir son devoir civique dans les conditions sanitaires prescrites par la Commission électorale nationale autonome (Cena) au collège d’enseignement général les Pylônes à 08h45, quand de nombreux électeurs sont encore dans leur lit entrain de profiter de la matinée. Ses premières impressions devant le troisième poste de vote parmi les neuf que compte ce centre, sonnent comme un véritable cri de cœur. « Si moi j’ai pu le faire malgré le contexte sanitaire, c’est que tout le monde peut le faire. Ce qui me motive : je déteste manquer une élection, ça ne m’est jamais arrivé », confie le sexagénaire. A l’école primaire publique Agla-nord où certains postes de vote ont ouvert avec un léger retard, pas question pour cet agent des services des impôts à la retraite de faire machine arrière. Assis sur les éperons de la salle qui abrite le quatrième poste de vote, Pascal 69 ans, empoignant fortement sa canne pour se relever s’impatiente, parmi le monde composé de jeunes et de personnes âgées. « Je suis venu ici à sept heures moins le quart.
Je me suis levé si tôt pour vite finir afin de me rendre tout au moins devant le Saint Sacrement puisque les cultes sont suspendus », explique-t-il. En raison de la pandémie, le ministère de la santé a ébauché un portrait-robot des personnes les plus touchées par le coronavirus. Il s’agit des séniors qui ont dépassé 65 ans, les diabétiques, les personnes qui présentent des risques de cancer ou développent des affections graves. Leur mobilisation le jour du scrutin n’était donc pas gagnée d’avance. « Il faut avouer qu’on avait des réserves sur le déplacement de cette catégorie d’électeurs vu qu’ils sont stigmatisés tout le temps dans les médias comme des cibles privilégiées du covid-19.
Dans tous les rangs que j’ai sillonnés ce matin, j’en ai dénombré plusieurs. C’est bon pour le taux de participation », confie un homme dont le badge est estampillé représentant de partis politiques devant un poste de vote. Un faible taux de participation : c’est ce qui est redouté par tous. A mi-journée, dans les quelques centres de vote parcourus dans le treizième arrondissement de Cotonou, la sensibilisation des crieurs publics la veille du scrutin pour mobiliser toutes les catégories de personnes semble pour le moment porter ses fruits.