Joue-t-on là à Tom et Jerry ou fait-on enfin preuve de bonne foi ? En effet, après le vote de la loi portant interprétation et complétant la loi N°2019-43 du 15 novembre 2019 portant code électoral en République du Bénin, adoptée mardi 02 juin 2020 à l’unanimité des députés de l’Assemblée nationale, le Chef de l’Etat a décidé de convier le lendemain, soit hier mercredi, les responsables des partis politiques régulièrement reconnus (Up, Br, Fcbe, Prd, Udbn, Moele-Bénin, Mpl, Fcdb et Per) à une séance d’échanges. L’ordre du jour devant porter sur ladite loi qui, depuis son vote et même bien avant, fait objet de vives critiques sur la toile.
Elle est controversée. Son impertinence et l’insécurité juridique qui en émanent ont été étalées aussi bien par les spécialistes du secteur et que par les profanes. Au sein même des partis politiques, tous les membres n’en ont pas la même appréciation. D’ailleurs, au cours de la séance, rapporte le journal l’Investigateur, « Les avis des représentants ont été partagés car certains ont exprimé leur satisfaction contrairement à d’autres qui ont exprimé leur crainte…». Ergo, n’avançons-nous pas vers une relecture de la loi ? En tout cas, on n’en serait pas à la première. Aussi, à y bien réfléchir, pourquoi est-il nécessaire pour le Chef de l’Etat de rencontrer les partis politiques alors que la loi est déjà votée ? De deux choses, l’une. La loi n’étant pas encore promulguée, donc pas encore en vigueur, il existe une possibilité de la parfaire et pourquoi pas en profiter pour régler d’autres imperfections ! Le cas échéant, la rencontre d’hier trouve un sens.
Mais, attention ! N’assistons-nous pas à un simulacre que traduit bien la ligne de conduite de ce régime : «la ruse et la rage» ? Quand on sait, généralement, comment les choses se passent sous nos cieux, peu de doutes subsistent quant à la non promulgation de la loi. Comme telle, sa mise en vigueur n’est pas à exclure. Dans ce cas de figure, à quoi aura alors servi la rencontre ? Juste du semblant pour entretenir l’illusion que la gouvernance sous Talon est concertée sur les sujets qui impliquent la vie politique ?
Qu’il vous souvienne, cette démarche ressemble à du déjà-vu. En février 2019, la séance d’échanges entre une délégation de l’opposition dans le souci de participer aux législatives, face aux problèmes liés à la délivrance du certificat de conformité et du quitus fiscaux, n’a pas empêché l’exclusion de l’Opposition aux Législatives.
Juillet 2019, à la présidence de la République, une autre séance a réuni une dizaine de partis politiques, dont ceux de l’opposition recalés pour les législatives d’avril 2019, qui ont couru vainement après le certificat de conformité. Le but, aider ces partis à rendre leurs dossiers éligibles.
Octobre 2019 s’est tenu le «dialogue politique» devant permettre de « réfléchir et échanger sur les adaptations possibles à apporter à la Charte des partis politiques et le code électoral en vue d’une meilleure et réaliste organisation (…) de la compétition politique.
Qu’a gagné le Bénin en termes d’avancée après toutes ces rencontres ? Pas grand-chose. Une fois de plus, le chef de l’Etat ne serait-il pas juste à la quête d’une caution des partis après la controverse créée par la modification du code électoral en plein processus d’élection et d’installation des conseils communaux et municipaux ?
M.M