Pathétique. Pendant que nombre de pays atteints du coronavirus s’en remettent de ses secousses, c’est maintenant que le Bénin décide de façon particulière d’écrire son histoire avec un boom au niveau du nombre de cas confirmés. La partie immergée de l’iceberg semble se révèle…
A la date du mardi 16 juin 2020, le Bénin a régulièrement enregistré 532 cas de malades de Coronavirus dont 9 décès et 287 encore sous traitement. Une tendance à la hausse qui se remarque depuis ces deux dernières semaines et qui a fini par déteindre sur l’illusion expansive qui s’observait au sein des populations. Le nombre de cas infectés grimpe, les décès aussi. Les débats battent leur plein. On veut bien comprendre, face au silence du gouvernement, les raisons plausibles qui expliquent cette hausse du nombre de cas de malades alors même que les asymptomatiques ne sont pas pris en compte.
Mais en attendant…
Déjà, aux premières heures du coronavirus au Bénin, des voix s’étaient levées pour que des mesures drastiques soient prises. Elles concernaient entre autres, la fermeture des frontières terrestre et aérien. Mais le gouvernement dans sa politique, va maintenir les vols jusqu’à ce jour au niveau de l’aéroport. Ce qui a fait que les premiers cas détectés, selon des analystes, ont eu des contacts avec des sujets bien portants. Pas évident qu’on ait retracé et identifié tous ces contacts. Dans le même temps, au niveau des frontières terrestres, certaines personnes, par des voies détournées, contournent le dispositif et s’évaporent dans la nature. Même le cordon sanitaire, instauré pour circoncire la transmissibilité du mal, n’a pas émoussé les ardeurs. Certains individus passaient d’une commune à une autre à l’insu des agents de sécurité.
De même, dans sa logique d’un retour à la vie normale, le gouvernement saute les verrous du Cordon de sécurité. Certaines mesures restrictives sont également levées. Des déclarations d’officiels ou de membres du gouvernement pour justifier la décision laissaient entendre, ”le palu tue plus que le Coronavirus”, ”nous sommes une nation sans moyen, il faut que nous apprenions à vivre désormais avec le virus”. Et, nous y voilà. Dans la foulée, les élections communales et municipales sont organisées. De la campagne électorale dite exclusivement médiatique mais qui s’est transportée sur le terrain par une violation sauvage des mesures officielles édictées, pour le jour du scrutin, entaché lui aussi du mépris des gestes barrières, les avertis n’avaient leur voix que pour dénoncer mais rien n’y fit. Bien avant lesdites élections, certains observateurs craignaient un pic épidémique à l’issue du vote. Et visiblement, les statistiques semblent concourir en leur faveur. Le 17 mai, soit un mois jour pour jour, après le scrutin, coïncidence ou pas, hasard ou non, en tout cas, le nombre de cas infectés a doublé. Les décès triplés. Même si pour certaines langues, cela est dû au démarrage du dépistage massif chez des catégories socioprofessionnelles, il n’en demeure pas moins que là encore, à l’aune des chiffres, le temps mis par le Bénin pour réaliser ces tests ne serait pas le meilleur timing. Il aurait pu le faire plutôt selon des critiques. Pis, ces examens n’embrassent pas encore toute la population. Quand il en sera alors le cas, le mal ne serait-il déjà consommé ? S’il ne l’est pas encore.
Chose curieuse, pendant que le tableau se noircit, l’évidence n’est toujours pas perçue. Pour d’aucuns, notamment hors de Cotonou, le Coronavirus reste une invention. Du moins, au Bénin. Du coup, les gestes et mesures barrières sont banalisés. Même la ville Capitale y croit à peine. Le scepticisme a dompté les cœurs au point d’emporter ceux qui y croyaient aussi. A ce niveau, le relâchement quid du respect des mesures barrières est patent. Un scepticisme que reflètent bien les conducteurs de minibus dits ‘’Topka-Tokpa’’, et les gérants de bars depuis qu’ils ont repris du service. Dans les marchés, dans les lieux publics (entre zémidjans par exemple), sur des terrains de loisirs dans les quartiers, on se comporte comme si dans le meilleur des mondes, tout va pour le mieux.
C.K
Matin Libre