Suite à la levée de bouclier suscitée par la décision du Ministre des enseignements secondaires d’attribuer 30 heures de cours hebdomadaire à la catégorie d’enseignants connus sous la dénomination d’aspirants…

Rencontre Talon-Centrales syndicales: Éviter un autre dialogue de sourds

Rencontre Talon-Centrales syndicales: Éviter un autre dialogue de sourds

Suite à la levée de bouclier suscitée par la décision du Ministre des enseignements secondaires d’attribuer 30 heures de cours hebdomadaire à la catégorie d’enseignants connus sous la dénomination d’aspirants ou prés insérés, le chef de l’État reçoit les centrales syndicales ce jour, jeudi 7octobre 2020. Seulement, l’annonce n’a pas suscité grand espoir au sein des Béninois qui se sont unanimement opposés à cette décision jugée suicidaire pour l’école béninoise, tant, nombre de rencontres tenues par Patrice Talon par le passé pour juguler des crises, se sont transformées en un dialogue de sourd, où le chef de l’État, seul maître à bord, impose  sa position.

Patrice Talon vient de poser un grand pas vers le dégel de la crise qui secoue le sous-secteur de l’enseignement secondaire, depuis la prise de la décision par Mahougnon Kakpo, de l’octroi de 30 heures de cours aux aspirants, est-on tenté de dire. On s’acheminerait vers la reprise effective des cours, plus d’une semaine après la rentrée des classes. Cependant, tirant leçon du passé, les Béninois ne l’entendent pas de cette oreille. Le Bénin a été secoué en effet ces dernières années par des crises nées des décisions prises au sommet par le gouvernement de la Rupture et dont la résolution a souvent nécessité l’arbitrage du chef de l’État. Mais presque toutes les rencontres tenues à cet effet se sont muées en une séance de conviction où Patrice Talon use d’arguments pour essayer de faire avaler la couleuvre à son auditoire. La crainte de tous est donc de voir la rencontre de ce jour, s’inscrire dans la même logique.

Fléchir

L’éducation est un secteur sensible qui suscite l’attention de tous. En témoigne l’émoi suscité au sein de l’opinion publique nationale qu’internationale par la décision du gouvernement relative à l’attribution des 30heures de cours hebdomadaire aux aspirants. Patrice Talon doit prendre la mesure de l’enjeu, créer la surprise et fléchir pour l’intérêt aussi bien des enseignants, que des apprenants. Pendant sa campagne électorale, le candidat Patrice Talon avait fait montre de sa grande préoccupation par rapport au secteur de l’éducation avec la promesse d’en faire l’un des secteurs les plus performants de l’Afrique et du monde. Et c’est dans cette perspective que s’inscrit la loi sur l’encadrement des grèves où le chef de l’État promet en retour, l’amélioration des conditions de vie des enseignants, faisant de l’enseignement, le métier le plus attractif dans l’avenir. Mais depuis, rien ne pointe à l’horizon. Au contraire, une fois l’arme que constitue la grève pratiquement arrachée aux enseignants, c’est à une avalanche de mesures tendant à réduire la corporation à sa plus simple expression qu’on assiste. La rencontre de ce jour doit donc être pour le chef de l’État, une occasion pour se racheter, en revenant prioritairement sur la décision d’octroi des 30 heures et en faisant des annonces pour une véritable revalorisation de la fonction enseignante. Patrice Talon doit éviter à tout prix de faire de la rencontre de ce jour, un nouveau marché de dupe.

Mike M. / La Nation