Fin de suspense. Le chef de l’Etat s’est décidé. Dans quelques mois, à l’occasion de la présidentielle d’avril 2021, Patrice Talon sera candidat à sa propre succession. L’ardent défenseur du mandat unique souhaite rempiler à la tête de l’Etat. Celui qui a promis aviser au lendemain de l’échec du premier projet de réforme constitutionnelle en avril 2017 va se prêter à nouveau au jeu électoral.
Plus que jamais déterminé à obtenir le second mandat, le chef de l’Etat va se jeter corps et âme dans la bataille électorale. Il y a à peine quelques jours lors d’une interview accordée au magazine panafricain Jeune Afrique, Patrice Talon disait qu’il a déjà pris une décision concernant la présidentielle. Soit, il va à nouveau à la conquête des électeurs, soit il se contente d’un mandat unique. On sait à présent qu’il sera sur la ligne de départ. Ce weekend, au cours d’une rencontre politique, il s’est ouvert à quelques leaders des partis qui le soutiennent. Ceux-ci qui n’attendaient que son signal vont définir les stratégies les plus à même de les conduire à la victoire. Ses partisans, ministres, directeurs généraux des sociétés publiques, députés, maires, chefs d’arrondissements, élus municipaux et communaux, pour ne citer que ceux-là, vont devoir mouiller, une fois encore, le maillot pour sa cause.
Quid de la vice-présidence ?
A la faveur de la révision constitutionnelle du 1er novembre 2019, c’est un duo qui partira désormais à la conquête du pouvoir d’Etat. Une fois élu, le titulaire se consacrera à l’exercice de ses fonctions tandis que le suppléant va siéger à la grande chancellerie. Puisque Patrice Talon sera candidat, qui va-t-il choisir comme colistier ? Va-t-il faire honneur à la gent féminine ? Dans peu de temps, l’opinion sera située sur son choix.
Comment le chef de l’Etat va-t-il annoncer à ses compatriotes qu’il souhaite obtenir le renouvellement de leur confiance ? Va-t-il préférer un discours ou un débat ? Quand exactement le dira-t-il ? Tout compte fait, ces interrogations relèvent purement de la forme. Le fond est maintenant connu. Patrice Talon va renoncer à sa promesse de mandat unique et solliciter une seconde fois les suffrages des électeurs.
Pile ou face ?
Lorsqu’on se présente à une élection comme celle-là qui cristallise autant les attentions, on s’attend soit à être élu, soit à courber l’échine devant un adversaire plus coriace. Patrice Talon a l’avantage de tenir les rênes du pays. A son actif, il a un bilan à défendre. Cela suffira-t-il pour faire chavirer les cœurs des électeurs ? Difficile de le dire. Ce qui est certain, Patrice Talon a horreur de l’échec. Il mettra donc toutes les chances de son côté pour ne pas mordre la poussière. D’un autre côté, l’opposition, bien que divisée et fragilisée, ne perçoit plus le parrainage des élus comme un obstacle insurmontable. Au compteur des contempteurs du régime, sont égrenées des récriminations par dizaines. Leurs plaintes et complaintes trouveront-elles grâce aux yeux du corps électoral ? Assisterons-nous à une alternance ou à une continuité du régime ? D’un côté comme de l’autre, rien n’est gagné d’avance.