Un rapport d’étude sur les impacts socioéconomiques de la Covid-19 au Bénin est disponible depuis vendredi 5 février dernier. Fruit d’une collaboration entre le Système des Nations Unies, les décideurs béninois et les Partenaires au développement, le document vise à aider à agir de toute urgence afin d’atténuer les impacts socioéconomiques de cette pandémie et appuyer le gouvernement dans la prise de mesures meilleures.
La pandémie de la Covid-19 a créé une récession économique historique avec des niveaux record de précarité et de chômage, ce qui provoque une crise humaine sans précédent qui frappe plus durement les personnes les plus vulnérables en mettant en cause la mise en œuvre de l’Agenda de développement 2030. A l’instar des autres pays du monde, le Bénin n’est pas épargné par la crise. La pandémie est apparue à un moment où le pays commençait à bénéficier des gains de sa croissance économique de l’ordre de 6 % en moyenne annuelle enregistrée durant les trois dernières années, relève à l’occasion du lancement du rapport, Aouale Mohamed Abchir, représentant résident du Programme des Nations Unies pour le développement (Pnud). Selon les premières analyses, la crise sanitaire et ses effets sur l’économie pourraient saper les avancées enregistrées par le Bénin sur le sentier des Objectifs de développement durable en l’absence d’efforts hardis, poursuit-il.
C’est donc dans une logique d’approfondissement de l’évaluation de la situation socio-économique nationale, que la présente étude a été initiée. L’objectif général de l’étude est d’identifier les canaux de transmission et d’évaluer les impacts de la pandémie du coronavirus sur les plans économique, social et environnemental au Bénin en vue d’informer les politiques nationales, locales et les mesures de réponses économiques et sociales du gouvernement et des partenaires à court, moyen et long termes. Les résultats qui en sont issus permettront à l’Exécutif et à ses Partenaires techniques et financiers de mieux collaborer dans la mise en œuvre du Plan de riposte national.
Méthodologie
L’étude a été réalisée suivant une approche méthodologique combinant la revue documentaire et l’utilisation des données statistiques primaires et secondaires. S’agissant des données primaires, une enquête a été réalisée au niveau national par l’Institut national de la statistique et de l’analyse économique (Insae). Elle a porté sur près de 2 360 ménages, 1 192 unités de production informelles, 62 entreprises formelles, couvrant tous les 12 départements du pays. Elle servira de bréviaire en vue de guider les interventions de l’Equipe-pays des Nations Unies et celles d’autres organismes internationaux de coopération au développement en vue de mieux accompagner les efforts du Bénin dans le cadre de la pandémie. Des conclusions de ce travail, il ressort un impact sévère de la pandémie sur l’économie béninoise. Lequel tient au fait que les mesures de lutte contre la pandémie, en particulier les confinements au niveau international et le cordon sanitaire portent une atteinte directe aux activités et secteurs de concentration du Pib du Bénin articulé autour des échanges extérieurs avec un taux d’ouverture de
54 % (2019), du tourisme (5 %) et des services, dont les transports-logistiques (12 %). Les conséquences de la crise mondiale et cette croissance potentiellement négative, ou modeste, affectent les finances publiques avec la baisse des recettes, la hausse des dépenses et de la dette, mais aussi la consommation privée et publique, l’investissement privé et public, le commerce extérieur, les revenus des ménages, les inégalités, l’incidence de la pauvreté, renforçant la vulnérabilité et l’insécurité alimentaire et nutritionnelle au sein des populations. Sont aussi impactés, l’accès aux services sociaux de base, la santé, l’éducation, aux niveaux national ou local.
Aider à une meilleure prise de décision
Plusieurs branches d’activités ont connu une baisse importante du volume horaire de travail. Parmi elles figurent l’hôtellerie et restauration, les transports, le commerce, et l’industrie. On devra s’attendre face au ralentissement des activités et au déclin du taux de croissance, à un effet dépressif important de la crise sur l’emploi. Pour ce qui est de la perte d’emplois, elle varie de 360 000 à 620 000 personnes touchées en 2020. Les pertes d’emplois notamment, dans les secteurs des transports (18 %) et du tourisme-hôtellerie (20 %), du commerce (34 %) découlant du ralentissement temporaire des activités couplées à une reprise lente, auraient des répercussions sur les revenus des ménages et par conséquent sur la pauvreté, indique l’étude.
Salvator Nyonzima, coordonnateur résident du Système des Nations Unies au Bénin, qui salue l’avènement d’une telle étude présente ses résultats comme une offre en lien avec les priorités nationales. Elle a permis, reconnait-il, de quantifier l’ampleur de la crise, d’identifier les canaux de transmission de la pandémie aux secteurs socioéconomiques et de dégager les orientations globales pour une réponse cohérente en lien avec le contexte socioéconomique du Bénin.
« Sur la base des résultats, les équipes techniques des Nations Unies ont revisité leur plan de travail en cohérence avec les orientations de la réponse socioéconomique du gouvernement mais aussi aux cinq priorités des Nations Unies pour un relèvement socioéconomique immédiat post-Covid ». Il s’agit entre autres de la protection des services et du système de santé pendant la crise, de la protection des populations, par le renforcement de la protection sociale, de la protection des emplois, des Pme et des travailleurs et travailleuses du secteur informel et du renforcement de la cohésion sociale, sans oublier la résilience des populations, notamment des jeunes, des femmes et personnes en situation particulière de vulnérabilité. Au nom du gouvernement, Adidjatou Mathys, représentant le ministre d’Etat en charge du Plan, à l’occasion se réjouit de la qualité du document. Document dont le gouvernement se servira pour une meilleure prise de décision, assure-t-elle.