Joël Aïvo, constitutionnaliste et professeur titulaire de droit public, candidat recalé à la présidentielle du 11 avril dernier séjourne, depuis la soirée du vendredi 16 avril dernier, à la prison civile de Cotonou. Il a été placé sous mandat de dépôt par la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (Criet) pour les infractions « d’atteinte à la sûreté de l’Etat et blanchiment de capitaux ».
Joël Aïvo a été écroué avec trois autres personnes à savoir son mandataire financier et deux militaires dont un serait démobilisé. Il a été interpellé dans l’après-midi du jeudi 15 avril dernier par les éléments de la Police républicaine qui l’ont conduit dans les locaux de la Brigade économique et financière (Bef) à Cotonou. Joël Aïvo a été écouté et gardé à vue. Les trois autres ont été aussi interpellés dans la foulée. Les quatre seront déférés devant la Criet qui a décidé de leur incarcération dans la soirée du vendredi dernier. Leur procès a été fixé au 15 juillet prochain.
Les chefs d’accusation retenus contre Joël Aïvo et ses co-prévenus sont certainement relatifs aux violences pré-électorales ayant eu cours dans certaines localités du nord Bénin dont Tchaourou, Parakou, Savè et Bantè dans la semaine de la tenue du scrutin présidentiel du 11 avril dernier. Il faut signaler que depuis le rejet de son dossier par la Commission électorale nationale autonome (Cena), le candidat Joël Aïvo, membre du Front pour la restauration de la démocratie (Frd), comme beaucoup d’autres acteurs de l’opposition, n’a de cesse de critiquer violemment le processus électoral et la rallonge de 45 jours du mandat du président Patrice Talon à travers son slogan « Cinq ans, c’est cinq ans ».
Ils avaient appelé les électeurs à boycotter le scrutin parce qu’il ne serait pas inclusif. L’élection a eu lieu mais a été précédée d’actes de violences dans certaines localités du Bénin. Des édifices publics et privés ont été incendiés, des routes inter-Etats bloquées à l’aide de troncs d’arbres par des chasseurs armés de fusils. Ceux-ci ont grièvement blessé les militaires et policiers qui tentaient de dégager ces barricades pour libérer la voie. Les violences ont causé des dommages de plusieurs milliards FCfa, déplore le ministre de l’Intérieur et de la Sécurité publique, Sacca Lafia.
En visite, mercredi 13 avril dernier, aux militaires et policiers dans leurs lits d’hôpital, le président de la République, Patrice Talon, a condamné avec fermeté ces actes de violences. Il s’est dit déterminé à faire en sorte que tous les instigateurs de ces crimes puissent répondre de leurs actes devant la justice.
Joël Aïvo et ses trois co-prévenus sont-ils parmi les instigateurs de ces actes ? La suite de la procédure judiciaire devant la Criet va situer les uns et les autres.
Thibaud C. NAGNONHOU, A/R Ouémé-Plateau